Gestion des forêts au Bénin : Les raisons des nouvelles mesures et modalités d’exportation des produits forestiers

Adrien TCHOMAKOU 8 avril 2024

Selon les dispositions de l’Article 12 du Décret n°2017-200 du 29 mars 2017 portant mesures d’exploitation, de commercialisation, d’exportation du bois et des produits de bois en République du Bénin : « Tout bois ou produit de bois destiné à l’exportation est impérativement scanné ; le rapport de scanning fait obligatoirement partie de la liasse documentaire ». Et pour garantir les intérêts du Trésor Public et assurer la préservation de l’environnement, il est impérativement exigé au titre de document de recevabilité de la déclaration d’exportation du bois ou du produit du bois, le certificat de scanning délivré uniquement après scannage des conteneurs de bois ou produit du bois à l’exportation par la société Bénin Control SA. Ces dispositions ont été actualisées en 2023 et en 2024 et entérinées par le Conseil des Ministres du 03 mars 2024 pour tenir compte de la nécessité de préserver et de développer les ressources forestières. Une décision responsable qui traduit la volonté du gouvernement de promouvoir la transformation locale des bois destinés à la commercialisation. Ainsi, le nouveau cadre réglementaire prévoit que l’exportation des produits forestiers est, nonobstant l’agrément, soumise à l’autorisation et à l’obtention préalable de l’avis technique délivré par les services compétents de la direction générale des Eaux, Forêts et Chasse. Ainsi, sont strictement interdites sur toute l’étendue du territoire national, sous peine de sanctions, l’exportation du bois des forêts naturelles du domaine classé de l’Etat, de toute essence de bois sous forme de produit forestier non transformé, du bois de toutes essences de forêt naturelles, du bois par voie terrestre et du charbon de bois. Le décret indique que la liste des essences de plantation éligibles à l’exportation et les quotas de volume exportables par essence sont définis chaque année par le ministre en charge des Eaux, Forêts et Chasse. Cependant, sont autorisées, l’exportation d’essence de forêts naturelles dans le domaine protégé de l’Etat exclusivement à des fins de consommation nationale, l’exportation et la commercialisation des bois issus des plantations domaniales, des plantations privées et des forêts du domaine protégé de l’Etat conformément aux dispositions des textes réglementaires en vigueur, l’exportation des essences de bois des plantations domaniales et privées, l’exportation des produits forestiers non ligneux et du charbon de bois écologique, l’exportation et la réexportation des produits finis de bois d’essences naturelles du domaine protégé de l’Etat.

Grandes bénéficiaires : Populations et Gdiz de Glo-Djigbé
Les conditions applicables à l’exportation des bois et produits de bois en République du Bénin découlent donc des orientations stratégiques définies dans les nouvelles politiques forestières de notre pays adoptées par le Conseil des Ministres du 22 février 2023 et qui projettent le reboisement de 150.000 hectares de terres d’ici 2030, assorti de la mise en place d’un système résilient de gestion et d’exploitation des espaces forestiers. Ainsi, avec la mise en œuvre de ladite mesure, le gouvernement entend développer une politique d’autonomisation du peuple béninois en matière de consommation de ressources forestières et de promouvoir la transformation locale des bois destinés à la commercialisation à la Gdiz de Glo-Djigbé. C’est dire que le gouvernement de la Rupture a vu juste.

De la lutte contre la déforestation
Selon les statistiques récentes, environ 100.000 ha de forêts sont détruits chaque année pour diverses raisons : feux de brousse, défrichement pour l’agriculture, coupe des arbres pour en faire des bois d’œuvre, de service ou de feu, ou pour fabriquer du charbon de bois. Une remarque désagréable qui s’observe du nord au sud du Bénin. En effet, la déforestation au Nord du Bénin a connu des évolutions significatives au cours des dernières décennies et les conditions climatiques ont joué un rôle prépondérant dans le recul du couvert ligneux. La croissance démographique a également contribué à la déforestation. La dépendance des populations vis-à-vis des produits forestiers étant très forte, on note aujourd’hui une dégradation des conditions de vie des populations intimement liée au degré de perte des surfaces forestières. Ainsi, on assiste à de grandes trouées dans les forêts classées de l’Etat ; parfois les forêts sacrées ou fétiches, jalousement conservées par les communautés durant des siècles, sont aussi agressées. On remarque également que, dès que l’on coupe la végétation, les sols sont exposés aux intempéries (vents, température, eaux de ruissellement) et les terres s’appauvrissent.
La perte de la diversité biologique est effective : quelques espèces animales et végétales sont menacées de disparition puisque leurs habitats sont détruits. Les manifestations de la désertification et les effets des changements climatiques sont effectifs et vécus différemment par les populations selon le genre et les moyens d’existence : agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, éleveurs, commerçants, transformateurs de produits divers, etc.



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