JIF 2023 : « Nous feignons de célébrer la femme, rien de plus », dixit Oslo Nassi Adjakidjè

Secrétaire général de l’Association des Créateurs de Mode du Benin (Acmb) depuis 6 ans, Oslo Nassi Adjakidjè est l’initiateur des classes de la mode et fondateur de l’institut universitaire de mode Okfashion. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en marketing, celui qui dénombre plusieurs participations à des événements de mode internationaux comme le Festival international de mode africaine (Fima), prend la parole ici au sujet de la femme.

Quelle est la place de la femme dans la société béninoise actuelle ?
Aujourd’hui plus qu’hier, je pense que la femme commence à retrouver progressivement la place qu’elle mérite dans notre société. Je ne dis pas que c’est systématique dans tout le pays mais notre mentalité et notre psychologie vis à vis de la chosification de la gent féminine ont considérablement évolué.

Egalité homme-femme ! Qu’est ce que c’est selon vous ?
Il n’y a pas de différence entre frère et soeur : équité, parité, égalité et tout ce que vous voulez.

Qu’en pensez-vous ?
On dit souvent que l’homme a toujours été supérieur à la femme. En réalité, je pense que c’est l’histoire qu’on nous raconte et que la plupart des hommes racontent pour dissimuler leurs faiblesses. Parce que figurez-vous qu’on a coupé le cordon apparent mais le cordon réel (n’est pas visible) lie pourtant chaque homme à sa vie foetale, c’est-à-dire à la femme. Le coran indique que le paradis est sous l’impulsion de la mère (Femme), sous ses pieds. Nul n’y entre sans son consentement, sans sa bénédiction, sans son accord musical alors pas de fausse note.
Même si nous prouvons par A+B que c’est l’homme qui a un ascendant sur la femme et que peut-être l’homme est le maître du monde, pour sa mère (Femme), il sera toujours son petit homme. La femme est la source, l’origine, la base de l’homme.
Aujourd’hui la femme de métier ou de profession peut faire tout ce qu’un homme fait et peut accéder à tous les postes même à la magistrature suprême d’un pays. D’ailleurs nous voyons aujourd’hui dans notre pays que l’approche genre est devenue une priorité à tout point de vue.

Les hommes sont-ils des loups pour les femmes ? Pourquoi ?
L’homme est effectivement un loup pour la femme car se considerant comme le maitre de la femme, l’homme n’a parfois aucun scrupule à s’imposer, à disposer et abuser de la femme. Ceci dit, notre société évolue et je pense que petit-à-petit, l’equilibre viendra.

Quelle est votre appréciation de la célébration qui est faite du 08 mars ?
Le 08 mars pour moi est juste un symbole, rien de plus. Nous feignons de célébrer la femme, rien de plus. Ça ne sert à rien de faire ce tapage si le lendemain, les mauvaises habitudes et les mauvais usages reprennent. J’ai l’impression qu’on attend cette occasion qui ne vient qu’une fois l’an pour reconnaître les mérites des femmes. La femme devrait être fêtée tous les jours selon moi parce qu’elles sont le coeur de la vie terrestre. On devrait le leur rappeler et les célébrer tous les jours.
Et si un jour, j’ai un pouvoir de décision et j’ai les moyens de ma politique, chaque 08 mars serait une occasion pour moi de faire sortir au moins mille femmes du chômage et de la précarité au lieu de les regrouper pour en faire un instrument de propagande autour d’un plat de riz pendant quelques heures pour qu’après, elles retombent dans leurs anciennes conditions sociales.

Vous-même, êtes homme et auriez pu connaitre quelque part la frustration basée sur le genre. Aujourd’hui avec le recul, vous pouvez peut-être en rire, mais au moment des faits, vous auriez pu mal le vivre.
Partagez avec nous, une anecdote que vous avez vécue comme une atteinte à votre statut d’homme.
Je n’ai pas personnellement subi une frustration liée à mon genre d’homme mais je sais qu’il y a des femmes qui maltraitent aussi les hommes. Pour la plupart des cas que je connais, ces femmes ont un ascendant financier sur ces hommes, ce qui leur permet de commettre leur forfait. C’est peut-être mérité car un vrai homme doit se battre pour s’occuper de sa femme même si elle est indépendante financièrement (sourire).

Que diriez-vous à :
– votre futur gendre ?
A mes futurs gendres (puisque j’ai trois (03) filles), je dirai ceci : respectez vos femmes, laissez-les s’épanouir et ne les empêchez pas de realiser leur rêve. Soyez le confident, le frère, le père et l’ami qu’elles ont laissé derrière elles pour vous rejoindre au foyer. A mes filles, je dirai : réalisez-vous avant de vous marier à un homme et lorsque vous vous marierez, respectez vos maris.

- une femme dont le mari a perdu son emploi ?
A une femme dont le mari a perdu son emploi, je dirai que la vie de couple est une complémentarité. Comprendre son mari et le soutenir dans ce moment, c’est l’aider déjà à avoir 50% de chance de se relever et de ne pas tomber dans les dérives de la vie. La femme doit aussi travailler pour participer aux charges de sa petite famille.
Propos recueillis par Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)