Le maraîchage à Cotonou : Une source d’alimentation et de revenu

La rédaction 27 août 2015

Culture de contre saison par excellence, le maraîchage prend de plus en plus d’ampleur à Cotonou et occupe une place non négligeable dans l’alimentation des populations. Malgré les difficultés liées à l’acquisition des engrais, à l’aménagement des jardins et à la commercialisation, les jardiniers arrivent à réaliser d’importants chiffres d’affaires.

« La terre ne ment pas », dit-on. Charlemagne, maraîcher de formation, assis à l’ombre d’un arbuste dans son champ, admire la croissance de ses légumes qui s’étendent à perte de vue. Installé sur un périmètre d’un hectare, Charlemagne cultive chaque légume sur une superficie de 10m2. On trouve dans son jardin diverses cultures telles que le ‘’Tchayo’’, la laitue, le piment, le concombre, l’aubergine, l’haricot vert, le persil, la carotte, le chou, la tomate… Venue de la ville pour s’approvisionner en laitue et chou, Clarisse, Directrice d’un bar restaurant, fait le tour de certains sillons de laitue suivie de Charlemagne. A la fin, ils se sont entendus sur 50.000F le sillon de laitue.

Des bénéfices !!!
« Après la récolte, je me retrouve à 600 000 voire 700 000 F Cfa par mois », déclare Charlemagne. Ainsi, après avoir soustrait l’argent consacré à l’entretien de son terrain, il se retrouve avec un bénéfice moyen d’environ 300 000 Fcfa par mois. Il doit ce bénéfice à ses clients qui ont adopté ses produits. Dame Francine, vendeuse de légumes au marché de Godomey confie que pour une commande de 50 000 Fcfa, elle peut vendre jusqu’à 150 000 Fcfa, soit un prix de vente égal au triple de celui d’achat. C’est donc une affaire profitable des deux côtés. Ce qui justifie certainement l’affluence de nombreuses personnes vers ce secteur.

Difficultés liées à la production et la commercialisation
Comme tout autre secteur, les maraîchers rencontrent dans l’exercice de leur activité des difficultés qui sont d’une part liées à la production et d’autre part à la commercialisation. « Chaque culture a ses caractéristiques et se traite avec des engrais spécifiques », confie Charlemagne. Aussi, ajoute-t-il que les terres sableuses ont leurs caractéristiques et ne répondent pas trop aux engrais. Tout n’est donc pas rose pour les maraîchers.
Calixte, jardinier à Vêdoko, abonde dans le même sens. « Les semences sont disponibles, mais il n’y a pas d’engrais spécifiques pour les cultures maraîchères au Bénin. J’utilise ceux destinés à la culture du coton. Nous avons besoin de formation et d’information afin de développer notre activité, car la terre et la volonté existent », dit-il.
Pour surmonter certaines difficultés, les maraîchers sont obligés de faire usage de techniques plus modernes (drainage, méthode du goutte-à-goutte…) et des produits tels que les engrais pour accroître la production.
Les revendeuses également n’arrivent plus à prendre les produits en grande quantité à cause du faible pouvoir d’achat des consommateurs. « Si le maraîcher dépense trop pour sa culture, cela va se répercuteré sur la vente. Parce qu’il doit vivre de ce qu’il fait », déclare Marie, une habituée des jardins.

La pluie, l’autre handicap
L’écoulement des produits maraîchers en saison pluvieuse constitue un casse-tête pour les maraîchers et leurs clients. « En période pluvieuse, nous n’arrivons pas à vendre à cause de la dégradation des voies d’accès aux jardins », explique Calixte. En effet, les clients grossistes n’arrivent plus à faire leurs achats en cette période. C’est le cas de Clarisse qui, en saisons des pluies, préfère chercher ailleurs car, raconte-t-elle, « pendant la saison pluvieuse, la voiture n’a plus accès au jardin où j’ai l’habitude de payer. Alors, il me faut débourser pour la main d’œuvre qui apportera le produit au bord de la voie ». Du côté des maraîchers, il leur faut un bon emplacement pour ne pas subir les désagréments liés à la pluie. « Si vous êtes dans une zone marécageuse, il faut que votre jardin soit à une certaine altitude pour ne pas perdre tout vos produits », relève-t-il.
Sandric DIKPE



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