Marché saisonnier de tomate à Pahou : La bonne affaire reprend pour les acteurs de la filière

Eustache f. AMOULE 1er octobre 2014

Comme il est de coutume tous les ans, les marchés saisonniers de tomate ont repris dans la commune de Ouidah et plus précisément dans l’arrondissement de Pahou. Cultivateurs et commerçants de tomate prennent déjà d’assaut les lieux aménagés pour la circonstance.

Cette filière fait vivre un grand nombre d’acteurs

Des paniers de diverses capacités remplis de tomates et entreposés çà et là. Des bonnes dames et des hommes déambulent dans tous les sens. Une animation inhabituelle se fait remarquer. Ces marchés saisonniers mobilisent assez de monde. Leur effectif fait penser au marché international de Dantokpa. L’ambiance bat son plein dans les marchés saisonniers de tomate qui s’animent depuis un mois et demi déjà. « Mais à l’heure actuelle, la tomate provient du Togo et transite par le Bénin pour échouer au Nigeria. Dans un mois au plus, ce sera le tour des producteurs béninois », ont expliqué les vendeurs. Selon les recoupements, le marché saisonnier de tomate est rotatif et va de pays en pays. Actuellement, c’est le Togo qui dessert le Bénin et le Nigeria. Bientôt, ce sera le tour du Bénin et ensuite du Nigeria (à partir du mois de janvier) puis du Burkina Faso de desservir les autres pays.

Un business à l’échelle internationale
« Ces tomates nous viennent du Togo, plus précisément de Anécho, Aclakou, Aviman, etc », indique Jérônime, une commerçante de tomate. La tomate est donc achetée sur le territoire togolais. Une fois ici, les femmes procèdent au tri de la marchandise avant de la conditionner dans des paniers pour être exportée vers le Nigeria. « Nous achetons la tomate à la bassine. Quand nous recevons notre marchandise, nous faisons un tri et séparons les tomates dures de celles cassées. Après cela, nous les disposons dans des paniers comme vous le voyez-là, puis les camions viennent les charger pour être convoyées au Nigeria ». Avec ce business, tous les acteurs, quelle que soit leur position dans la chaîne, se font d’énormes profits. C’est pourquoi Christian, mécanicien-auto de formation, ait refusé de renoncer à cette activité depuis qu’il en a pris connaissance par le biais de sa mère. « Je suis mécanicien-auto. J’ai suivi mon apprentissage et obtenu mon diplôme comme tous les autres. Mais les choses n’allaient pas très bien. J’ai suivi un jour ma maman qui était une grande commerçante de tomate. C’est ainsi que j’ai découvert cette filière et j’ai pu me faire une situation sociale. C’est avec cette activité que j’ai pu avoir tout ce que je détiens comme biens aujourd’hui. Je ne me plains pas du tout », raconte-t-il avec assurance. Christian est devenu gestionnaire de marché. Il loue un lopin de terre à chaque saison et s’associe avec des bonnes dames qui y viennent pour l’écoulement de leurs produits contre 100f par panier de tomates. Or, le marché dure trois à quatre mois par an. Il leur rachète ces paniers de tomates bien remplis puis les embarque dans des camions pour le Nigeria, où il les revend un peu plus cher. Selon Jérônime, la vendeuse achète la bassine de tomates à 1.000 F Cfa. Une fois disposées en panier, Christian l’achète à 2.000 ou 2.500 F cfa. Et pour les consommateurs locaux, ce même panier varie entre 2.500 et 3.500 F Cfa Pour le transport de ses marchandises, il dépense 500 F cfa en terre béninoise par panier et 600 Nairas en terre nigériane comme frais de dédouanement. A la fin de la saison, Christian confie qu’il gagne le triple de ce qu’il injecte dans cette affaire durant toute la période. « C’est avec 500.000 F Cfa au plus que je démarre. A la fin, je gagne jusqu’à 1.500.000 F Cfa », précise-t-il. Comme Christian et ses bonnes dames, d’autres acteurs tels que les fabricants de paniers, les collectionneurs d’emballages de ciment et autres, bénéficient eux aussi des retombées de l’animation périodique des marchés de tomate. Mais attention, ce business peut aussi tourner à la perte, ceci en fonction de l’évolution du marché. Dame Henriette explique en effet que le marché de tomate est une animation internationale qu’accueille chaque pays, en fonction de ses saisons de production. Lorsque par malchance, explique-t-elle, les producteurs du pays demandeur de tomates produisent beaucoup, le prix chute et cela se répercute sur les bénéfices. Ainsi, les pertes peuvent aller de 1000 F Cfa à 3000 F Cfa par panier.

Des emplois à temps partiel
Pour l’exportation de tomates, Christian emploie pas mal de personnes pour exécuter diverses tâches. Les plus nombreux sont les élèves et étudiants, qui en période de vacances, recherchent des moyens pour préparer la prochaine rentrée. A ceux-ci, s’ajoutent d’autres employés venus à la quête du pain journalier. « Je viens ici pour décharger et charger les camions de tomates. Cela me permet de gagner de l’argent pour préparer ma rentrée », révèle Léonard, élève en classe de 1ère au Collège d’enseignement général de Pahou. Christian explique qu’il paie à chaque fin de semaine entre 10.000 F Cfa et 15.000 F Cfa selon le travail abattu par chacun. « Chaque lundi, je paie 15.000 F Cfa à chacun des manœuvres. Cela peut varier mais n’est jamais en dessous de 10.000 F Cfa. C’est selon l’ampleur du travail abattu au cours de la semaine », explique-t-il. Ainsi, l’animation des marchés saisonniers de tomate ne profite pas qu’aux vendeurs ou vendeuses, mais à tous les acteurs intervenant dans cette activité.



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