Mise en œuvre du Financement Basé sur les Résultats au Bénin : Une mission conjointe Fonds Mondial et autres s’imprègne des résultats

La rédaction 29 juin 2015

Du 21 au 26 juin 2015 a séjourné au Bénin une mission des bailleurs du Fonds mondial, de l’Alliance Internationale pour la Vaccination (Gavi) et de la Coopération Technique Belge. Principaux partenaires techniques et financiers impliqués dans la plate-forme du Renforcement du Système de Santé (Rss) au Bénin, ces partenaires du secteur de la Santé se sont rendus dans les centres de santé sous contrat Fbr dans les zones sanitaires couvertes par la Banque Mondiale et la Coopération Technique Belge. Occasion pour la délégation de comparer les deux modèles d’approche Fbr mais aussi de s’assurer du bon usage des fonds et subsides issus du Financement Basé sur les Résultats dans les formations sanitaires.
Réunir tous les Partenaires Techniques et Financiers du Financement Basé sur les Résultats et le Ministère de la Santé avec l’Unité de Coordination du Projet de Renforcement de la Performance du Système de Santé (Prpss), visiter les centres de santé mettant en œuvre le Financement Basé sur les Résultats (Fbr) dans les zones sanitaires financés par la Banque Mondiale et la Coopération Technique Belge (Ctb), rencontrer et échanger avec le personnel médical, paramédical, la communauté servie, les organisations à base communautaire chargées de la vérification communautaire. Tels sont les objectifs de la mission conjointe Fonds Mondial, Alliance Internationale pour la Vaccination (Gavi) et la Coopération Technique Belge. C’est une forte délégation d’une dizaine d’experts qui a effectué le déplacement de Cotonou pour constater les réalisations et résultats enregistrés dans le secteur de la santé grâce à la mise en œuvre du mécanisme de Financement Basé sur les Résultats. La délégation est composée de la Chargée de Mission du Ministère des affaires étrangères et du développement de la République de France, du Ministre-Conseiller à la Coopération de l’Ambassade de la Belgique, du Chargé de projet Initiative 5% de l’Agence Française d’Expertise Technique Internationale, du spécialiste en Santé Publique, suivi et évaluation et gestion des subventions du Fonds Mondial, du Responsable Pays du Fonds Mondial, du Chargé des Relations avec les Donateurs du Fonds Mondial, du Responsable Pays de la Gavi, du Représentant Résident de la Coopération Technique Belge et de la Chef de Fil des Partenaires du Secteur de la Santé (Usaid).

En effet, dans le cadre du démarrage de la mise à l’échelle du Financement Basé sur les Résultats dans les 21 zones sanitaires (19 du Fonds Mondial et 02 de Gavi), il était nécessaire pour ces partenaires de venir toucher du doigt les résultats enregistrés dans les zones sous financement Banque Mondiale et Coopération Technique Belge (Ctb). Ainsi, les formations sanitaires des zones sanitaires de Zogbodomè-Bohicon-Zakpota (Zoboza) et Klouékanmè-Toviklin-Lalo (Ktl) ont été ciblées et visitées afin de partager leur expérience en FBR avec cette délégation de haut niveau. Il a été prévu des visites des formations sanitaires, des élus locaux et des organisations à base communautaire assurant la contre vérification.

Bohicon, Zogbodomey, Zakpota, Klouékanmè …très fières des succès
La délégation, une fois dans la commune de Bohicon est allée à la rencontre du maire de la ville Luc Atrokpo et du député de cette région. Après les salutations d’usage, le Maire dans son intervention a reconnu les changements observés dans sa zone sanitaire notamment dans les centres de santé de Bohicon depuis l’avènement du Financement Basé sur les Résultats. « De par mon analyse, je peux vous dire que le Fbr est une approche porteuse d’espoir pour améliorer la satisfaction non seulement des usagers mais également du personnel. Je peux témoigner que depuis environ 3 ans dans ma commune, nous avons une meilleure impression sur le travail abattu par le personnel de santé », a laissé entendre Luc Attrokpo, maire de la ville de Bohicon.
Au nombre des améliorations enregistrées par l’autorité communale dans les centres de santé, on peut citer : l’organisation régulière des campagnes de salubrité dans les centres de santé, l’amélioration sensible de l’état de propreté et d’hygiène des centres de santé, début d’amélioration de la qualité des prestations, légère amélioration de l’accueil des patients dans les centres de Santé, l’acquisition de groupes électrogène au profit des formations sanitaires, l’amélioration de l’utilisation des services pour les soins curatifs, le renforcement du partenariat entre les centres publics et privés
Après la mairie, la délégation a mis le cap sur le Centre de Santé de Bohicon 2 où elle a visité les différents services du centre de santé. Répartis en deux équipes, les membres de la délégation ont parcouru la maternité, le dispensaire, le service de vaccination, le laboratoire, les salles d’hospitalisation, la pharmacie, la caisse. Au cours de la visite, les agents de santé ont répondu à toutes les préoccupations de la délégation. Au terme de la visite, le Médecin Coordonnateur de la Zone sanitaire de Bohicon, Zogbodomey, Zakpota, à la suite du Coordonnateur du Prpss, a présenté les Résultats de la mise en œuvre du Fbr dans sa localité. Il est revenu à la Directrice exécutive de l’Organisation à Base Communautaire Cerpades de présenter les résultats issus de la contre vérification communautaire. Dans l’après-midi du lundi 22 juin 2015, la délégation s’est rendue respectivement dans les centres de santé de Cana à Zogbodomey et de Kpozoun à Zakpota. Dans ces centres de santé, la même méthodologie a été adoptée à savoir répartir l’équipe en deux afin de parcourir tous les services fonctionnels.
Au début de la séance qui a eu lieu dans la salle de conférence de l’Hôpital de zone, Christophe Megbedji, maire de Klouékanmè, a remercié la Coopération Technique Belge pour son appui constant dans sa zone. « Avec le Fbr, nos formations sanitaires sont devenues plus performantes. Ici, il s’agit de payer l’effort fourni par les agents de santé et je pense que cette approche est très importante pour nous. De notre côté, nous faisons l’effort d’accompagner nos partenaires et nous nous engageons à continuer dans le même sens », a-t-il ajouté. Julien Aïssan, Médecin Coordonnateur de la Zone Sanitaire Klouékanmè-Toviklin-Lalo, à la suite du Maire, a présenté le modèle de mise en œuvre du Fbr dans les Zones Sanitaires appuyées par la Ctb.
Une visite des centres de santé appuyés par la Ctb sera ensuite organisée pour permettre aux hôtes de voir les interventions, les dissemblances et les ressemblances entre les deux modèles présentés mais aussi les grandes réalisations et acquis obtenus de part et d’autre grâce au Fbr dans les deux Zones sanitaires visitées. De longs et fructueux échanges ont meublé les deux jours que la délégation a passé sur le terrain au contact des agents de santé, de la communauté à travers les représentants des Comités de Gestion, des Organisations à Base Communautaire, de la plate-forme de la société civile et des élus locaux.

Gilles Césari, Représentant Pays Fonds Mondial
Nous sommes très satisfaits de la mission que nous venons d’effectuer. Nous avons aussi noté que de part et d’autre, nous avons le même schéma avec quelques petites différences. Au départ de cette mission, je l’avoue, j’avais un peu peur de me retrouver face à des approches très différentes et là, je vois qu’il y a une opportunité de synergie et d’harmonisation par le gouvernement et le Ministère de la santé qui va ensuite reprendre le bébé en utilisant peut-être une approche mixte. Cela était très agréable. En termes de prochaines étapes, je pense qu’il faudrait commencer à réfléchir au volet pérennisation à long terme de l’approche du Financement Basé sur les Résultats, car cela revient cher en termes de vérification mais aussi pour les primes de motivation et de fonctionnement à payer aux centres de santé. Il va falloir dès à présent commencer à y réfléchir même si aujourd’hui, les résultats sont probants. Il faudra aussi discuter d’une feuille de route qui inclura harmonisation d’une approche unique et à terme pérennisation du mécanisme. J’étais également très content de voir tous ces partenaires accompagner cette mission.

Pérrine Bonvalet, Chargée de Mission Ministère Français des Affaires étrangères
On s’est associé à cette mission pas parce que nous travaillons directement sur ce programme, mais en tant que contributeur par le biais du Fonds Mondial et de Gavi. C’est très intéressant pour nous de voir cette approche qui, probablement va être développée dans d’autres pays que le Fonds Mondial soutient. C’est utile pour nous de participer aux réflexions. Nous avons été très contents de voir le mode de fonctionnement dans les centres de santé financés. Nous sommes très intéressés de voir comment le programme va évoluer et les premières évaluations qui seront faites dans les zones du Fonds Mondial, notamment en termes de comparaison avec les autres zones qui n’ont pas développé ce mécanisme. Nous allons pouvoir suivre cela et nous rendrons compte au Conseil d’Administration du Fonds Mondial, de Gavi et dans les comités, car nous sommes très intéressés de voir l’évolution de cette approche.

Dr Marc De Feyter, Ministre-Conseiller à la Coopération de l’Ambassade de Belgique
Pour moi-même et pour beaucoup d’entre nous, cette mission était très intéressante pour constater de visu les effets du Fbr. Il est évident qu’en visitant et en comparant les deux expériences, nous avons constaté quelques différences qui ne sont pas majeures. Les résultats sont sensiblement identiques en terme de performance aux niveaux qualité et couverture. Les résultats sont aussi identiques en termes de motivation. Donc, il y a beaucoup de points communs dans les deux approches. Les différences sont surtout au niveau des coûts de vérification et le caractère pérenne des structures qui assurent cette vérification. Ce qui me paraît important à signaler parce que c’est une préoccupation pour nous. Mais quelque part, cela a détourné l’attention de ce qui se passe sur le terrain au niveau du financement communautaire. Il y a une sorte de transfert de dépenses qui étaient auparavant prises en charge par le financement communautaire et qui maintenant se retrouvent prises en charge par les ressources exogènes de l’expérience Fbr. Du coup, personne ne sait dans le modèle Banque Mondiale ou Coopération Technique Belge, ce qui se passe réellement avec ces fonds. Notre préoccupation, c’est un peu cela. Et nous souhaiterions que la part du financement communautaire soit une solution pour la pérennisation de l’expérience. En somme, je dirais que ce Fbr permet un suivi rapproché du fonctionnement des services de santé, que ce soit au niveau de référence (Hôpital de Zone) ou au niveau des centres de santé. C’est une opportunité pour avoir une vision plus claire de ce qui se fait avec le financement communautaire. Ce qui m’a aussi le plus touché après cette visite sur le terrain, c’est la motivation qu’il peut y avoir au niveau le plus périphérique du système. C’est toute la différence dans ce projet par rapport au financement classique que nous avions connu auparavant. Ici, c’est la distribution et la répartition de ces primes qui me paraissent être la clé de ce succès. C’est le niveau le plus bas qui touche à ces primes ; c’est le balayeur, c’est la personne qui nettoie les locaux, c’est l’aide-soignant, ce qui n’était pas le cas par le passé. Un autre élément qui me frappe dans le Fbr ; c’est un mécanisme dans lequel les PTFs, qu’ils soient multilatéraux ou bilatéraux trouvent une approche intéressante et qui donne des résultats. On se retrouve avec un mécanisme qui facilite les synergies entre les PTFs. C’est extrêmement intéressant pour l’avenir.

Michel Francoys, Représentant Résident Coopération Technique Belge au Bénin
Le fait que nous ayons fait cette mission ensemble a certainement une plus-value importante. Cela a permis d’avoir une vision commune. Nous n’avions jamais eu une telle mission conjointe auparavant. Cela va certainement permettre d’avoir plus de dialogue avec le Ministère. Les résultats probants, je ne reviendrais pas là-dessus. Mais cela aurait été aussi intéressant de démontrer là où ça fonctionne un peu moins bien. Nous tenons quand même à dire que sans un personnel de santé qualifié, le Fbr n’aura pas d’effet et je pense que cela fait partie des éléments importants de discussion. Nous devons aussi étudier comment mettre en place une discrimination positive vers les zones reculées et avoir plus de personnels dans ces zones qui sont plus éloignées, pour permettre un effet global dans les zones sanitaires.

Michelle Kouletio, Chef de file des Partenaires du secteur de la Santé
D’abord, je voudrais dire que j’ai participé à la mission avec trois chapeaux : en qualité de chef de file dans le compact 2015 pour travailler ensemble dans la mise en œuvre de l’approche Fbr, deuxièmement je suis la vice-présidente du Conseil National de Coordination et d’Orientation des Interventions Financées par le Fonds Mondial contre les trois maladies prioritaires (Paludisme-Tuberculose et Sida (Cnco) et troisièmement avec mon chapeau de conseillère en paludisme. C’est d’ailleurs à cause de cette lutte contre le paludisme que nous sommes attirés par le Fbr parce que nous avons constaté qu’avec cette approche, nous avons de bons résultats dans le domaine du paludisme. Nous sommes aussi intéressés de voir comment nous pouvons renforcer ce qui est bien et avantageux dans le Fbr pour optimiser les résultats. J’ai aussi remarqué que les approches sont complémentaires. Quand nous parlons de pérennisation nous devons commencer déjà par y réfléchir pour voir dans quelle mesure nous pouvons le faire. Nous devons aussi réfléchir à comment faire pour que les acteurs locaux partagent leurs expériences et toutes les bonnes pratiques que nous avons trouvées sur le terrain.

Améliorer les indicateurs sanitaires, une priorité de Pascal Dossou-Togbé
Pour marquer leur passage au Bénin et partager avec la première autorité du secteur de la santé, leurs impressions, les membres de la délégation en visite au Bénin ont été reçus le mercredi 24 juin 2015 par le tout nouveau Ministre de la Santé, le Dr Pascal Dossou-Togbe. Occasion pour eux de restituer les constats faits mais aussi de formuler des recommandations. C’est à l’unanimité qu’ils ont reconnu les améliorations notées dans les formations sanitaires visitées grâce au mécanisme du Fbr. Gilles Cesari, représentant pays du Fonds Mondial au Bénin et porte-parole de la délégation a félicité le ministre pour sa nomination à la tête du département de la santé. Au nom de la mission, il a déclaré la pleine satisfaction de l’équipe au termes des visites sur le terrain. « Les résultats sont probants en terme de couverture, de mobilisation et d’engagement du personnel de santé et ceci à tous les niveaux. », a-t-il affirmé. Toutefois, au vu de quelques dissemblances notées dans les deux modèles de Fbr mis en œuvre au Bénin, il a souhaité une harmonisation des deux approches afin que le Bénin dispose enfin d’un modèle unique de Fbr. Pour lui, les recherches sur l’efficacité optimale, l’efficience et la pérennisation à long terme de l’approche se poursuivront dans les mois à venir afin de sauvegarder les acquis enregistrés grâce à la mise en œuvre du Fbr au Bénin. Pour Pérrine Bonvalet du Ministère des affaires étrangères de la République Française, qui a participé à la mission en qualité d’observateur et de contributeur au Fonds Mondial, les résultats sont extrêmement satisfaisants. « Au-delà de la satisfaction collective, je voudrais dire toute ma satisfaction personnelle d’avoir participé à cette mission conjointe qui a réuni tous les partenaires multilatéraux et bilatéraux pour un programme soutenu par plusieurs partenaires techniques et financiers. Cette mission a permis des échanges approfondis et francs sur la manière dont les choses se passent sur le terrain. Nous avons été impressionnés par les résultats et l’amélioration des performances et surtout le degré de motivation des agents de santé. Nous tirons une très bonne leçon de cette nouvelle approche de financement du système de santé. Satisfait des propos de ses hôtes, le Ministre de la Santé a félicité l’ensemble des acteurs ayant contribué à l’obtention de ces résultats qui prouvent que le Béninois sait faire des merveilles lorsqu’il est mis dans des conditions optimales de travail. Pascal Dossou-Togbe a remercié la délégation qui a dû braver le soleil et la pluie et surtout le mauvais état des routes pour se rendre sur le terrain. Aussi s’est-il engagé à prendre des dispositions afin d’enclencher les réflexions pour l’harmonisation des deux modèles de Fbr mais aussi pour la pérennisation à long terme de cette approche capitale et porteuse de promesses pour le secteur de la santé. Pour joindre l’utile à l’agréable, le ministre de la santé a offert un dîner à la délégation au Restaurant Berceau des intimes de Cotonou. C’est dans une ambiance bon enfant que le dîner a eu lieu avec au centre des préoccupations, les stratégies d’amélioration des indicateurs de santé au Bénin.



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