Négociations gouvernement-syndicats : 3 heures de débats : aucune avancée significatives

Ambroise ZINSOU, Clément WINSAVI, Géraud AGOÏ 6 février 2014

Après l’échec du lundi dernier, les deux parties se sont encore donné rendez-vous dans l’après-midi d’hier toujours à l’Infosec de Cotonou. Une nouvelle rencontre en l’absence de l’Unstb et de la Csub qui a duré trois heures et qui n’a accouché d’aucune solution concrète. Les deux parties se sont alors séparé dos à dos.

« Nous n’avons rien obtenu. La grève se poursuit ». Tel est le slogan des Centrales et Confédérations syndicales hier à la sortie des négociations gouvernement-syndicats. Après l’échec du lundi dernier, la deuxième rencontre qui a eu lieu hier toujours à l’Infosec de Cotonou a été un nouveau fiasco. Alors que la question relative à l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) et la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub) a été réglée puisque Zounon Emmanuel et Agossou Jean n’ont pas été invités à cette rencontre, les débats n’ont toujours pas évolué. « Nous avons comme l’impression que le gouvernement n’est pas encore prêt pour un dialogue. Mais nous, nous sommes prêts à tout moment », a déclaré Pascal Todjinou à la pause. En effet, lors de cette deuxième rencontre, les syndicalistes, selon leurs dires sont disposés au dialogue. Toutefois, ils ont posé un préalable dans leur motion de grève sur lequel les positions se sont radicalisées. Pour les Syndicats, le limogeage du Préfet de l’Atlantique et du Littoral Placide Azandé et du Commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou, la restitution des défalcations opérées pour fait de grève et la préservation des libertés sont des points non négociables. De son côté, le gouvernement a estimé que ces points relèvent d’un autre cadre et que la rencontre devrait s’inscrire dans le cadre de la grande Commission du dialogue social entre le gouvernement et les syndicats. « Les points soulevés par les Syndicats relèvent d’un autre cadre. La rencontre pour nous s’inscrit dans le cadre de la Commission du dialogue gouvernement-syndicats », a martelé Martial Sounton, ministre de la Fonction publique et du dialogue social. Durant trois heures, aucun consensus n’a été trouvé. Les deux parties se sont adonnées à un jeu de ping-pong. Finalement, une suspension a été observée. De retour de la pause, la reprise n’a duré qu’un feu de paille. La séance sera terminée à queue de poisson.
Le gouvernement est-il réellement prêt pour le dialogue ?
Visiblement, le gouvernement n’est pas encore prêt pour le dialogue. Déjà deux rencontres dans l’intervalle de 72 heures et rien de sérieux n’est fait. Ainsi, l’exécutif est en train d’adopter une stratégie qui entretient le flou. Sinon, lors de la première rencontre, les syndicats signataires de la motion de grève ont émis un refus catégorique de s’asseoir à la même table que leurs collègues « Briseurs de grève », l’Unstb et la Csub. Et pour les contourner, la solution a été toute trouvée. Il s’agit de reverser les revendications querellées dans le cadre de la grande Commission du dialogue social. Un creuset large qui prend également en compte les deux syndicats « indésirables ». De ce fait, il va s’en dire qu’il y a une partie qui semble faire preuve de mauvaise foi puisqu’en réalité, l’ombre des « Briseurs de grève » plane toujours sur les négociations. Ce qui est dommage car, les désagréments créés par les grèves aux innocents citoyens sont énormes. Tout porte à croire que, seul le gouvernement maîtrise la situation et sait quand est-ce que le vrai dialogue s’ouvrira.
Lire les impressions à la sortie des négociations :

Le ministre d’Etat François Abiola :
La rencontre a eu lieu…nous avons progressé’’}} <doc961|right> « La rencontre avec les syndicalistes a effectivement eu lieu et je peux dire que nous avons progressé, car nous avons réglé un certain nombre de problèmes qui nous empêchaient d’aller de l’avant. Cela va nous permettre très prochainement, dans les 48 heures ou les 72 heures de rentrer dans le fond de leurs doléances. Ce qui a bougé est que cela fait un moment que les secrétaires généraux des syndicats et le gouvernement ne se sont plus parlé et que ça a été fait aujourd’hui, sinon que la fois dernière on ne s’est pas parlé. Le deuxième progrès est que les facilitateurs ont réussi à nous faire parler et le troisième est que nous avons défini les conditions dans lesquelles nous allons aborder les problèmes soulevés ».         {{Pascal Todjinou, Sg/Cgtb :Le gouvernement continue de faire du dilatoire…il dit qu’on va se voir après’’

« Le gouvernement continue de faire du dilatoire. Il nous a envoyé une note pour dire qu’il veut faire des propositions concrètes pour décrisper la situation de tension, mais une fois dans la salle c’est une autre chose qu’on nous présente. Il tente de nous amener dans la commission de négociation gouvernement-centrales syndicales, or cette commission n’existe pratiquement plus. C’était le ministre d’Etat Koupaki devenu premier ministre qui s’occupait de ça et tout cela est devenu ``walo’’. La deuxième chose, nous avons estimé qu’il n’est pas question qu’on amène les gens qui brisent nos grèves à la négociation alors que la commission comporte la plupart de ces personnes. C’est cela qui nous a fait perdre plus de deux heures de temps aujourd’hui, donc le gouvernement et les médiateurs qu’il nous a amenés sont dans cette dynamique. On a dû piloter leur machination et résultat, ils ont dû s’enfuir et en fuyant, ils ont décrété une pause. Mais de retour de la pause, ils viennent nous dire que l’on va se voir après. Suite à cela, nous, nous avons levé la main pour dire que nous sommes prêts pour négocier, que cela soit cette nuit encore ou demain tôt à 6 heures. Voilà ce que le gouvernement nous a servi. Nous avons perdu du temps pour rien et c’est dommage pour le peuple béninois. Je voudrais profiter pour dénoncer un certain nombre de faits. Les enfants de 6ème qui ont été gazés et fusillés et qui se retrouvent dans des lits d’hôpitaux, j’ai peur que les amis de l’Unstb aillent dire encore que c’est du sang d’animaux ou de mouton qu’on a vu. De même, ils vont dire que c’est de la poudre qu’on a passée sur la tête de cet enfant. Celui qui raconte tout cela ne peut pas s’asseoir sur la même table que nous pour dire que nous sommes en train de faire de la négociation. Voilà les raisons. Ce que nous faisons là participe à la lutte pour la liberté, et cela n’est pas une lutte juste pour aujourd’hui, mais pour l’avenir aussi ».

Grève dans les établissements publics
Les mises en garde du gouvernement
COMMUNIQUE CONJOINTE DU MINISTRE DE L’INTERIEUR, DE LA SECURITE PUBLIQUE ET DES CULTES ET DU MINISTRE DE LA DEFENSE NATIONALE

- Le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes,
 Le ministre de la Défense Nationale

Communiquent :
Il nous a été donné de constater que depuis quelques semaines, des grévistes renvoient des écoliers, élèves et enseignants non grévistes de certains établissements des Enseignements Maternel, Primaire, Secondaire et Supérieur, ce qui viole le droit de ceux-ci à l’éducation et à la liberté de vaquer en toute sérénité à leurs activités professionnelles.
Face à cette situation qui frise l’incivisme et le désordre qui ne sauraient être tolérés dans un Etat de droit, le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes et le Ministre de la Défense Nationale demandent aux Chefs d’Etablissements à divers niveaux d’interdire aux apprenants, toute sortie sur la voie publique en vue de participer aux marches et à toutes autres manifestations contraires à l’ordre public.
Par ailleurs, ils invitent tous les parents d’Elèves à envoyer leurs enfants dans leur établissement respectif pour y suivre les cours et subir les évaluations périodiques.
En tout état de cause, toutes les dispositions sécuritaires sont prises à cet effet afin que la quiétude et la paix requises règnent dans ces établissements, pour un fonctionnement optimal du système éducatif dans notre pays.
Le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes et le Ministre de la Défense Nationale en appellent au sens de responsabilité, de, civisme et de patriotisme de tous.

Ont signé,
LE MINISTRE DE L’INTERIEUR, LE MINISTRE DE LA DEFENSE NATIONALE
DE LA SECURITE PUBLIQUE DES CULTES

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