Pluies diluviennes à Cotonou, Calavi et environs : dame nature sans ménagement

18 septembre 2023

Des maisons inondées, des routes submergées par endroits, des engins immergés et les hommes plongés dans l’eau jusqu’à la taille. C’est l’état de Cotonou, Calavi et environs après une semaine de pluies diluviennes successives. « Notre chambre est remplie d’eau, mon matelas et mes cahiers flottent, irrécupérables. J’ai dû quitter pour aller chez un ami à Tankpè », raconte Prudence, un étudiant résident à Zogbadjè un quartier situé dans les environs de l’université. Ils sont plusieurs à vivre cette situation difficile dans cette zone dortoir. A l’instar de Zogbadjè, les populations de Togoudo, Cocotomey et Cococodji ont également affronté le diktat des eaux d’inondation. Cette fois-ci, elles le supportent en silence car « c’est toujours la même situation à chaque grande pluie. Nous avons toujours appelé au secours mais rien ne se corrige, bien au contraire, les choses empirent au fil des ans », confie, Jeanne résidant au quartier Zounga à Cocotomey. Cotonou, la ville économique n’a pas échappé à cette agression de l’eau. Les quartiers les plus habitués à l’inondation à savoir Agla, Fidjrossè, Sainte Rita, Zogbo, Fifadji, Vossa, Akpakpa, etc se retrouvent à nouveau sous l’eau avec son lot de dégâts. « Je ne suis pas sortie vendre durant cette semaine à cause de l’eau. Le lieu d’étalage de mes marchandises est totalement inondé », raconte Bella, une revendeuse au quartier Agla. Une situation qui devient très préoccupante selon les dires de Assiba, une résidente du quartier. « Avec ça on a du mal à sortir de chez soi », se plaint-elle. Cette dernière ne manque pas de mettre l’accent sur les inconvénients de cette inondation sur son petit commerce. « À cause de l’eau les clients ne viennent plus. J’ai dû déplacer mon stand au bord de la voie pour vendre ». Dame Assiba est en effet vendeuse de bouillie dudit quartier. Contrairement à dame Assiba qui s’inquiète pour son petit commerce, d’autres résidents du quartier s’intéressent à un sujet de plus grande importance.

Des écoles sous l’eau, la reprise des classes hypothéquée
A Akpakpa, des écoles sont inondées rendant pratiquement impossible la reprise des classes ce jour. C’est le cas au CEG Sèkandji où la cour accueille un cours d’eau avec un écosystème de marécages. Et des salles de classes sont remplies d’eau rendant leur accès difficile. A Ouidah, la pluie dicte sa loi depuis deux mois environ. Au quartier Vasseho, il est aisé de constater que les voies donnant accès aux écoles sont inondées et impraticables. Dans ce quartier en effet se trouve le collège d’enseignement général 3 de Ouidah. « C’est déjà la rentrée. Les voies sont inondées, les enfants, même s’ils quittent la maison propre seront obligés de marcher dans de l’eau. Ils pourront attraper des maladies », déclare Alain, un parent d’élève. Corine, élève en classe de seconde montre à travers ces quelques mots son découragement. « Je ne suis plus aussi enthousiaste d’aller à l’école. Avec de l’eau sur toutes les voies, il sera difficile de nous rendre à l’école », s’inquiète-t-elle. Une situation de profond désespoir pour les résidents de ce quartier qui lancent un cri de cœur au gouvernement pour que des travaux de réparation soient effectués tout au moins sur la voie menant vers le collège.

Des pluies sur plusieurs mois en petite saison, un inquiétant changement climatique
Au sud du Bénin, les saisons pluvieuses sont de deux ordres. Il y a la grande et la petite saisons. Cette dernière court de mi-septembre à octobre. Mais la présente saison a démarré depuis la fin du mois de juillet et se poursuit jusqu’à ce début de la deuxième moitié de septembre. La durée est anormale et suppose un dérèglement climatique. Cette anomalie ne date pas de 2023 mais elle est devenue récurrente depuis quelques années. C’est bien la preuve que le changement climatique est patent au Bénin et ses conséquences se font déjà remarquer. Le dérèglement étant un phénomène qui embrasse la planète, il y a lieu de s’inquiéter avec les catastrophes naturelles qui sévissent actuellement. L’année 2023 a été particulièrement éprouvante avec la canicule en Europe, les incendies en Grèce, les séismes en Turquie et récemment au Maroc et la tempête meurtrière en Libye pour ne citer que ces cas. Il faut alors que le Bénin soit en alerte pour prévenir des situations similaires car des signes de changement climatique sont évidents. Les gouvernants sont appelés à anticiper sur les éventuelles catastrophes en associant les experts pour chercher les solutions avant que le pire n’arrive.
Ange M’poli M’TOAMA



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