Podium discussion de la Chaire Unesco : Les coups d’Etat des cols blancs et les coups d’Etat militaire passés au peigne fin

31 mai 2022

« Coups d’Etat des cols blancs et coups d’Etat militaires ; les peuples africains entre le marteau et l’enclume ». Ainsi est intitulé le thème du podium discussion de la Chaire Unesco qui s’est déroulé le samedi dernier dans la salle polyvalente de ladite institution. Une occasion pour des universitaires de mener des réflexions sur les causes et conséquences des différentes formes de coups d’Etat. Si la première forme des coups d’Etat ne crée souvent pas assez de polémique, la seconde forme menée par les militaires fait souvent couler assez d’encre et de salive. A en croire le professeur Igor Samson Bidossessi Guèdègbé, professeur titulaire de la Chaire Unesco, l’une des raisons évoquées de nos jours par les putschistes pour justifier leur forfait, est la défaillance du pouvoir civil face à la montée du terrorisme. Mais pour lui et Amoua Kelvin, la prise du pouvoir par les militaires n’a jamais réglé la situation sécuritaire dans les pays concernés. Et pour preuve, les attaques continuent malgré la présence des militaires au pouvoir.
Pour le professeur Alioune Sall, professeur des universités CAMES, la réapparition des coups d’Etat militaire pose plusieurs problèmes : la fragilité de nos Etats, les processus électoraux, la question de la stratégie sécuritaire… « Ce que nous apprenons de nouveau depuis les années 2020, c’est la limite de nos processus électoraux. Le Président qui a été renversé au Mail avait été réélu et il n’y avait pas tellement de troubles post-électoraux. Même chose au Burkina-Faso, tout le monde était d’accord sur le résultat de l’élection qui reconduisait le Président dans ses fonctions. Même l’opposition faisait partie du gouvernement. Mais quelques temps plus tard, ces présidents ont été démis de leurs fonctions par la déferlante des coups d’Etat. Cela montre les limites de l’élection dans ce contexte ». A l’en croire, ces coups d’Etat montrent aussi les limites de la doctrine de nos institutions internationales. « Pourquoi la CEDEAO a été fortement contestée pour la Guinée et pour le Mali ? C’est parce qu’effectivement, les populations, les opinions publiques sentaient plus ou moins confusément qu’au fond, ce n’est pas très juste de condamner ces gens-là. Est-ce que c’est juste de condamner les militaires qui prennent le pouvoir pour mettre fin aux errements de la politique sécuritaire d’un Etat dont tous, on a été témoin de la faiblesse ? La CEDEAO a atteint des limites dans sa doctrine qui consiste à charger tout le temps les changements anticonstitutionnels du gouvernement, à les stigmatiser. Ce qui est en soi raisonnable, car dans un Etat de droit, le pouvoir ne peut pas être acquis par la force. Mais est-ce que cela suffit ? C’est la question qu’on se pose désormais… », demande-t-il. Pour le professeur, la CEDEAO doit chercher à évoluer en revoyant sa doctrine afin d’être en harmonie avec la gouvernance intérieure des pays membres.



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