Pollution à Dantokpa : « Azinsodji » ou le règne des coques d’arachides et des spathes de maïs

26 juin 2024

En cette période où la vente de certains produits agricoles est en pleine floraison, Dantokpa, le plus grand marché du Bénin, connait depuis quelques semaines, une présence accrue des coques d’arachides et des spathes de maïs. Cette pollution provoquée par vendeurs et clients de ce marché, n’est pas sans conséquence sur l’environnement ainsi que la santé humaine.

Coques d’arachides répartis de part et d’autre, spathes de maïs foulées mélangés à la boue. Ainsi se présente « Azinsodji » ou « Agbadésodji », une zone du marché Dantokpa, après la pluie diluvienne de ce mardi 25 juin 2024. Ce milieu réservé à la vente de maïs et d’arachide devient un véritable dépotoir sauvage de déchets issus de ces produits agricoles. Visiblement, la saleté que présente « Azinsodji » repousse et n’encourage guère à une quelconque transaction. Les eaux souillées de couleur verdâtre, la boue mélangée à des restes de maïs ne semblent pas déranger certains vendeurs et acheteurs. Le fait que les clients soient obligés de retenir leur respiration avant de faire leurs commandes ne les préoccupe pas non plus. Au lieu de s’améliorer, la situation ne fait que s’empirer de jour en jour. Malgré les sollicitations des vendeuses à l’égard des consommateurs pour l’entretien des lieux, le constat ne laisse pas indifférent. Totio Lucienne, vendeuse d’arachide se prononce sur ce sujet : « En temps normal, après avoir consommé le maïs, les coques doivent être mis dans les sachets d’achats et jetés avec précaution dans les poubelles. L’objectif primordial en donnant des sachets aux acheteurs est d’éviter la pollution. Nous voulons tous la propreté de notre environnement ».

Pourtant, il existe au sein du marché, un dispositif de pré-collecte des ordures, dispositif installé par la société de gestion des marchés (Sogema). Mais la situation perdure. Certaines vendeuses ne savent plus à quel saint se vouer. Ces endroits sont à la fois destinés à la vente, mais aussi au dépôt de déchets issus de leurs ventes pour élargir leur commerce. Akodegnon Sam, consommateur et usager de la voie, se sent aussi responsable de la situation « La manière dont les choses se déroulent ici n’est pas du tout bien. Il n’y a pas de place pour tout le monde. Les gens s’agglutinent dans des conditions misérables pour chercher leur gagne-pain. Regardez autour de vous, les coques d’arachides sont un peu partout ainsi que les enveloppes de maïs. Même moi, quand je finis de manger, je le jette par terre puisque l’endroit est déjà sale. Tout cela contribue à la pollution de notre environnement mais aussi de notre santé », fait-il remarquer. Connaissant les usages et les habitudes en vogue dans ce marché, les vendeuses estiment que la pollution est avant tout imputable aux usagers. « Personnellement, je trouve que les usagers qui participent à la dégradation des lieux sont des femmes. Je me demande comment elles entretiennent leurs maisons », rapporte Cathérine Dagba, vendeuse d’arachide qui ajoute qu’un endroit où l’on doit vendre doit être bien entretenu par ceux qui y sont afin de garantir une bonne hygiène au vendeur mais aussi une bonne santé à l’acheteur. Il est primordial de garder son environnement sain. Dans ce contexte, Lédémin Agossadou, vendeuse de maïs estime que : « Nous devons garder notre environnement propre. En tant que vendeurs, nous sommes les principaux acteurs de la société. Le bien-être de tout le monde passe par nous. Prenons conscience de nos actes ».
Juvenal MOUZOUNGBE & Régis HOUNZINME (Stags)



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