[Portrait] Séraphin Yeto, le self-made-man de l'acier et de l’agroalimentaire au Bénin

Patrice SOKEGBE 5 juillet 2023

Etape par étape, il bâtit son empire financier, malgré les embûches qui se dressent sur son chemin. Au fil des années, Séraphin Yéto est incontestablement une figure de proue dans le monde des affaires, notamment de l’acier et de l’Agro-alimentaire au Bénin. Portait d’un homme au parcours hors du commun.
S’il faut citer les hommes d’impacts qui écrivent, jour après jour, l’histoire du Bénin, Séraphin Yéto en est un. Discret mais efficace dans les actions, il a réussi à conquérir le cœur des millions de Béninois. Opérateur économique, il fait son entrée dans le monde des affaires par le commerce de la farine de blé, ensuite du riz, et enfin la quincaillerie (fers à béton et autres matériaux de construction).

Né le 20 octobre 1971 à Aplahoué, arrondissement Godohou et marié et père de plusieurs enfants, Séraphin Yéto a abandonné l’école en classe de CM2 et a commencé par travailler aux côté de son père, autrefois commerçant. « Je me suis dit que comme Papa fait le commerce, je vais l’aider dans ses tâches pour développer d’autres choses après. Je travaillais avec Papa quand en 1991, il m’a soutenu financièrement pour que je démarre mon propre business. J’ai commencé par le secteur des carburants. J’importais les carburants du Togo et du Burkina-Faso par camion-citerne. Après, j’ai abandonné ce business au profit de la farine de blé que j’importais du Togo. Par la suite, j’ai commencé par importer du riz. En plus de cela, je suis rentré la quincaillerie  », confie-t-il fièrement. Visionnaire et passionné, l’homme a trouvé en son père un modèle de réussite. Et très vite, la mayonnaise n’a pas tardé à prendre. « A l’époque, je voulais faire comme mon Papa pour devenir grand opérateur économique demain. Alors, j’ai abandonné l’école pour l’aider dans ses tâches afin d’acquérir des compétentes qui me permettront de réussir dans le commerce. Papa m’a aidé un peu pour le capital. J’importais le carburant de Lomé et du Burkina-Faso. Les débuts étaient difficiles mais j’arrivais à m’en sortir un peu. J’avais des fournisseurs au Togo qui me livraient 500 tonnes de farine de blé, 500 tonnes de riz à crédit. Je dépose un acompte et rembourse le reste après. Le déclic de mon succès, c’était à partir de 1997, 1998 avec la farine de blé que j’ai même importée par le port de Cotonou », ajoute-t-il. Pour lui, la société SONIMEX a aussi l’ambition de s’implanter dans d’autres pays de la sous-région et en Afrique. Nous sommes déterminés à développer nos activités de sorte à nous installer dans plusieurs pays. En dehors des affaires, Séraphin Yéto est aussi passionné par les voyages (sous-région, Europe, Asie, …), les voitures de luxe, le tennis.

Un géant de l’agro-alimentaire au Bénin !
En dehors du domaine de l’acier, Séraphin Yéto s’intéresse à l’agro-alimentaire. Pour lui, ce secteur se porte mieux. « J’ai mon usine de transformation des produits dérivés de l’acier actuellement dans la Zone Franche Industrielle de Sèmè-podji mais, comme projet, j’envisage intégrer la GDIZ. Le président Talon a dit que bientôt nous allons transformer localement nos produits agricoles. D’ici 3 à 5 ans, j’envisage installer une usine locale au lieu d’importer les produits d’ailleurs. Et je suis à la recherche de partenaires sur ce projet », nous confie-t-il. «  J’ambitionne aussi de réaliser d’autres projets en plus, ici au Bénin. Je veux mettre en place des industries locales afin que d’employer la main d’œuvre béninoise et des pays limitrophes, des techniciens béninois, etc…  », indique-t-il. Seul Béninois dans le secteur de l’acier au Bénin, il doit tenir bon face à ses concurrents qui sont pour la plupart des étrangers.

Philanthrope dans l’âme !
Séraphin Yeto, c’est également l’expression du don, de la générosité et de la compassion à l’endroit de ses compatriotes. Plusieurs fois, il a effectué des dons matériels et financiers dans les hôpitaux et centres sanitaires, les centres psychiatriques, les églises, les mosquées, etc. Il aide aussi ses concitoyens qui sont dans le besoin. « J’ai l’ambition de créer une fondation très prochainement. Et dans cette perspective, j’ai acquis une parcelle à Azovè dans l’optique de construire un orphelinat. C’est un don que je veux faire à la population et surtout au bénéfice des couches défavorisées. L’orphelinat sera opérationnel d’ici 2024  », révèle-t-il.

Séraphin, ses succès et échecs !
Introverti, le PDG de SONIMEX SA a eu du succès dans l’importation et la commercialisation du riz et des matériaux de construction (fers à béton, tôles, pointes et fils de fer). Il importait les articles de quincailleries de Lomé et d’Asie. Au lieu d’importer ces articles, il a préféré procéder à l’installation d’une usine de fabrication de l’acier. « C’est ainsi qu’en 2016-2017, j’ai lancé ma propre usine où les tôles, les fers à béton et les pointes de marque GKS sont fabriqués. » nous détaille-t-il.
Comme tout entrepreneur à succès, Séraphin Yéto a aussi connu des échecs dans les affaires. Il est souvent confronté à des pertes énormes, des accidents de camions, des vols répétés et surtout des crises de confiance. Pourtant, il doit honorer son engagement vis-à-vis des banques. Et contre vents et marrées, ces institutions continuent de lui faire confiance. « Au début quand j’avais besoin d’assez d’argent, c’est mon oncle maternel (instituteur de profession) qui m’a aidé a contracté un prêt bancaire avec son TF. Moi ma maison n’avait pas de TF. Il m’a dit d’aller faire le prêt et si je n’arrive pas à rembourser pour récupérer son TF auprès de la banque, il prendra ma maison en dédommagement. A l’époque, on s’était rendu à la mairie pour signer un engagement qui dit qu’il me remet le TF de sa maison et si je n’arrivais pas à rembourser et que la banque saisisse sa maison, il me prendra ma maison. C’était entre 1997 et 1998.  », révèle l’homme d’affaires.
C’est à partir de là que j’ai démarré en grande pompe. «  J’ai remboursé la banque et je lui ai remis son TF. Après, j’ai établi mon propre TF pour mes prêts bancaires  », précise-t-il.

La relève, le regard de l’entrepreneur
« Aux jeunes, je peux leur dire de toujours honorer leur engagement auprès des créanciers. Si quelqu’un te fait un prêt ou t’accorde sa confiance, il faut rembourser le prêt ou ne pas trahir sa confiance. Si tu ne respectes pas tes engagements la personne ne te prêtera plus de l’argent à l’avenir. Ou bien si tu obtiens un prêt, n’utilise pas l’argent pour construire ou payer une voiture, n’utilise pas l’argent pour tes besoins personnels », a dit Séraphin Yeto, un homme qui incarne les valeurs intrinsèques de succès. « J’ai de mes enfants qui travaillent avec moi au sein de Sonimex SA. Je suis en train de les former. Si l’un d’entre eux à la volonté et reste déterminé, il va réussir. Mon problème est comment dois-je procéder pour que mes enfants fassent la même-chose que moi  », souligne-t-il, tout en invitant les jeunes à l’esprit de créativité et au travail.



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