Prolifération des prêts-à-porter à Cotonou : Une concurrence sur fond de mévente

La rédaction 17 juin 2016

Dans tous les coins de rues et aux abords des grandes artères de Cotonou et environs, se créent de plus en plus des boutiques de prêts-à-porter.Cette concurrence qui ne profite qu’à la clientèlecause pour les promoteurs de ces boutiques une mévente qui ne dit pas son nom.

Il est 15h30. Au carrefour Vèdoko, comme d’habitude, la circulation est au ralenti.Et dans cette file interminable de véhicules en attente de traverser le rond-point, une boutique de prêts-à-porter attire l’attention. Une dizaine de costumes et de robes luxueuses, les uns portés par des mannequins, les autres soigneusement emballées et accrochésaux cintres, forcent l’admiration. A tout ceci s’ajoutent le sourire charmant et la flatterie d’une jeune dame rayonnante, Aicha, au passage d’un client. Mais pas pour longtemps. Le marketing n’a pas abouti à la vente. Elle retrouve quelque temps après son humeur soucieuse, répulsive. « C’est la mévente depuis quelques temps. Avant, presque tous les jours, j’arrivais à vendre ne serait-ce qu’une jupe ou une ceinture. Mais aujourd’hui, les gens passent, jettent un coup d’œil, demandent le prix, puis se retournent », s’est-elle plaint.
Cette jeune dame n’a presque plus le même engouement, qu’il y a deux ans, à l’ouverture de sa boutique. Aicha a du mal à comprendre la mévente à laquelle elle fait face. « Je ne peux vraiment pas l’expliquer. Peut-être parce que le temps est dur chez tout le mondeou que les clients s’arrangent pour changer leurs garde-robes autrement. Les boutiques prolifèrent, mais il y a aussi les fripes recyclées (Sourire) », a-t-elle expliqué.

A chaque rue, son prêt-à-porter
Autrefoiscomptées du bout des doigts, les boutiques de vente de vêtements et accessoires poussent dans les rues de Cotonou comme des champignons. Rien que sur l’axe Vèdoko-Godomey, on en dénombre une trentaine qui trônentaux abords de la route principale.« Je crois que cette prolifération ne fait qu’avantager la clientèle. Ça nous réduit la distance, nous permet de nous fidéliser avec une boutique proche. Les prêts-à-porter sont aujourd’hui nécessaires. C’est moins tracassant que chez les couturiers et les tenues sont plus élégantes », déclare Michel, un client. Cependant, la proximité de ces boutiques crée un environnement concurrentiel défavorable à l’écoulement normal des produits. « Nous sommes dans une situation de concurrence déloyale qui ne dit pas son nom. C’est très difficile aujourd’hui d’avoir des clients, parce que les boutiques de prêts à porter sont devenues comme des paniers de tomates exposés un peu partout », déplore Pacôme, promoteur d’un prêt-à-porter à Mènontin. D’un air abattu, il ajoute : « vous-mêmes, voyez le nombre de prêts-à-porter qu’il y a avant moi sur cet alignement. Cela crée la mévente et ne nous avantage pas ».C’est une situation qui conduit des promoteurs à ajouter une autre corde à leurs arcs. Certains sont obligés de faire recours à l’internet pour se donner plus de visibilité. « C’est grâce à l’internet que j’arrive à écouler mes produits. Je vends mes vêtements en ligne. J’expose les photos et mon numéro sur le net et ceux qui sont intéressés me contactent pour l’achat », explique Jonas, également promoteur d’un prêt-à-porter.

Passer pour du neuf !

La concurrence n’est pas seulement entre boutiques de prêts-à-porter. Dans leur ensemble, elles ont un concurrent commun que constituequ’est la filière des friperies. Beaucoup de clients se font l’idée que ces tenues qui ont l’air de sortir d’industrie de la mode ne sont pas loin d’être des friperies de premier choix recyclées et vendues cher. « Les prêts-à-porter s’approvisionnent normalement sur le marché Européen et Américain. Mais, nous sommes forcés de reconnaitre qu’aujourd’hui, il y a des brebis galeuses dans nos rangs qui s’approvisionnent sur le marché local. Et je crois que c’est cette facilité qui constitue même la source de la prolifération », confie Aicha. Cette pratique ne demande pas assez de moyens. Les frais d’achat des produits de premierchoix et de pressing constituent l’essentiel à dépenser pour s’offrir un bénéfice. Ainsi, les suspicions autour de cette manœuvre conduisent certains clients à recourir directement à Missebo. « A quoi sert-il de payer un pantalon à 10 mille alors qu’on peut l’acheter à 3.000 f à Missèbo et faire les retouches nécessaires, puis tout redevient neuf. Seulement qu’un prêt-à-porter garde toujours sa valeur, l’élégance », laisse entendre Rodolphe, un étudiant.
Happy ADEDJE (Stag)



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