Rareté du bois au Bénin : Sans alternative, les exploitants ajustent les prix

La rédaction 15 septembre 2021

Au Bénin, plus précisément au Sud du pays, les métiers artisanaux d’exploitation du bois sont sujets à un sérieux problème. Le bois devient de plus en plus une matière première à coût élevé pour les exploitants dont les menuisiers et promoteurs de scierie. Cette situation est loin de plaire à ces derniers pour qui l’approvisionnement devient un casse-tête.

Non seulement le bois, mais aussi les vis, les boulons, les colles, le vernis ainsi que d’autres éléments de fixations mécaniques ou chimiques ont pris du prix sur le marché. Mais celui du bois est très criant car il est la matière principale de l’œuvre de fabrication.
Le coût du bois a flambé. Et pour cause, la matière première se raréfie dans les forêts et par ricochet dans les esplanades habituelles de stock-vente. ‹‹Nous assistons à la disparition des forêts avec la commercialisation et la surexploitation du bois, qui mettent en péril, explique Ahlonssou Eugène, exploitant du bois. ‹‹ Il y a quelques années, trouver du bois n’était pas difficile. Cette terrible disparition s’explique par la multiplication à grande échelle des moyennes entreprises et des grandes entreprises, avec à sa suite un déboisement massif pour satisfaire les besoins de ces entreprises ››, complète Hervé Mawougnon, Menuisier résident à Cotonou. En effet, la conséquence directe et économique de la rareté du bois, c’est par exemple la hausse du coût d’achat du bûcher et des planches sur le marché. ‹‹ Ce prix varie habituellement en fonction du type d’arbre et de son épaisseur. L’acajou par exemple est généralement estimé à 22 000 et l’acacia à 18 000 Fcfa. Entre temps, on achetait du bois à 12 000 F mais aujourd’hui tout a augmenté ››, déplore ce dernier. De plus, le protocole autour des documents d’autorisation de transport du bois est devenu un problème pour les convoyeurs. Ces documents sont chers et ne sont pas libre d’accès, affirment-ils. ‹‹Avant, les papiers à fournir étaient à 250 000 mais aujourd’hui, il faut débourser 1 000 000 de francs cfa. Ce qui ne permet pas de s’en procurer ››.

Toutes ces difficultés qui jalonnent le cheminement du bois jusqu’à sa livraison finale est donc tributaire de son coût. A certains niveaux et à des moments donnés, certains acteurs sont confrontés à la mévente et à l’endettement. Les clients en effet ne veulent rien comprendre. ‹‹Malgré tout, le prix des meubles n’a pas changé. Nous sommes obligés de vendre aux mêmes prix qu’avant, de peur de connaître la mévente. Ainsi, bien que le prix du bois s’élève, le prix des meubles reste le même››, confie Romain, charpentier la quarantaine.
Aussi, la proscription d’abattage de certains arbres tels que : le kosso, l’abzéria, joue-t-elle également sur la disponibilité de la matière première. En effet, ces bois proscrits sont d’une potentialité et d’une épaisseur extrême. Ce sont des arbres de qualité. Et c’est pour ainsi valoriser et préserver ces arbres, déjà en disparition que le gouvernement a mis fin à leur abattage.
Par ailleurs, la cherté actuelle du bois coïncide avec la cherté de l’électricité. Or une menuiserie ne peut pas fonctionner sans électricité. Donc pour ne pas lâcher prise, ‹‹ nous souhaitons vivement que l’État réduise les frais des papiers autorisant le convoyage du bois et revoie également le prix de l’électricité. Nous avons une famille à nourrir et c’est difficile par ces temps-ci ››, explique Romain.
Estelle DOKPO (Stag)



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