Retraite non préparée : La grosse galère du 3è âge

Patrice SOKEGBE 19 mars 2024

Début d’une nouvelle phase de la vie, après plusieurs années d’intenses activités professionnelles, la retraite apparait comme une étape où l’on a l’opportunité de profiter de sa liberté, du temps et de la tranquillité, avec à la clé la jouissance de sa pension. Mais la réalité montre de plus en plus que ce statut auquel aspirent bon nombre de fonctionnaires n’est pas enchanteur.

Que de regrets ! Il a fallu 4 ans de retraite pour que Hubert, Enseignant à la retraite, se rende compte de la pire erreur de sa vie. A 64 ans, Hubert éprouve des difficultés à subvenir à ses besoins élémentaires. Le comble, c’était un accident vasculaire cérébral qui a ruiné ses maigres économies. Pourtant, Hubert a servi avec honneur et dévouement son pays. Mieux, il a encouragé ses enfants à embrasser la même carrière que lui. Même réalité chez dame Chantal qui vit sa retraite avec amertume : « Quand on arrive à la retraite, on ne devrait pas se demander si demain on va pouvoir manger comme il faut. J’ai deux petits-enfants, je ne peux pas leur offrir des cadeaux….c’est vraiment injuste et puis c’est dégradant, c’est pour ça que ça me rend triste. On n’ose pas le dire aux gens, on garde toujours la tête haute pour dire que ça va…mais c’est très difficile et je ne suis pas la seule malheureusement ». A 62 ans, Philippe Djossou semble mal vivre sa retraite. « Quand on a la mobilité très réduite, c’est compliqué. Je vis au jour le jour. On se contente de ce qu’on a…Tout nous échappe quand on perd un peu de santé, on perd nos projets, nos envies, ce qu’on avait prévu pour la retraite ».
Loin d’offrir la promesse d’une vie épanouissante, la retraite laisse place à une vie précaire. Pis, lorsque le coût de la vie est élevé, il devient insupportable pour les retraités de vivre sans stress. « C’est une transition obligatoire de sa vie. Quand vous atteignez cet âge de dépense d’énergie, vous êtes obligé de faire une transition pour espérer continuer dans la vie. Sinon, vous allez vous esquinter », confie le psychologue, André Alihonou.

Le piège financier !

Le travail, bien qu’étant une activité productrice de richesses, s’assimile aussi, pour le travailleur, à une dépense d’énergie. Mais beaucoup d’employés perdent de vue la retraite comme étant la fraction du salaire au tiers, mais aussi comme la perte d’énergie. Pis, c’est à la retraite où ils touchent le tiers de leur salaire, qu’ils doivent dépenser doublement dans la santé, la scolarité des enfants, les charges incompressibles, les sollicitations pour les funérailles. A un moment donné, ils finissent par craquer, surtout lorsqu’ils n’ont pas le soutien financier de leurs enfants. Selon Roger Loumedjinon, Professeur d’Histoire-Géographie à la retraite, la fougue de la jeunesse ne permet pas au travailleur de penser à la retraite. Ce sont les maigres ressources que l’Etat ou l’entreprise privée lui donne qui lui permettront de préparer sa retraite. « Quand vous vous projetez dans le travail, vous avez l’énergie mentale, intellectuelle. A un moment donné, cette force commence à vous quitter petit à petit. Cela veut dire qu’il faut préparer les vieux jours. Il faut aussi préparer votre aisance matérielle. Lorsque vous êtes au travail, que vous avez un salaire qui tombe tous les mois, cela vous permet de vous réaliser économiquement. A un moment donné, ce salaire va s’amenuiser. Cette pension n’est pas généralement assez consistante pour vous permettre de subvenir à vos besoins. D’où la nécessité de préparer sa retraite...Quand vous êtes jeune, vous devez avoir une famille. Il y a un temps pour créer son ménage. Et cela induit un investissement. Assurer l’éducation des enfants, sa propre formation, construire sa maison, supposent aussi des moyens. A un moment donné, l’épargne devient compliqué, parce qu’il faut franchir toutes ces étapes avant de préparer la retraite », révèle-t-il.
En effet, selon la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), la pension de vieillesse est un revenu de remplacement qui correspond à une certaine proportion du salaire du travailleur. L’assuré qui atteint l’âge de 60 ans a droit à une pension de vieillesse s’il a totalisé au moins 180 mois d’assurance effective à la CNSS et a cessé toute activité salariée. Toutefois, tout assuré qui remplit les conditions sus-évoquées peut également demander la jouissance de ses droits au plus tôt, cinq (05) ans avant l’âge légal de départ à la retraite. Dans ce cas, le montant de la pension subit un abattement de cinq pour cent (5%) par année d’anticipation. A l’âge de 60 ans, cet abattement est supprimé et l’assuré bénéficie de l’intégralité de la pension. En clair, le montant mensuel de la pension est égal à 30 % de la rémunération mensuelle moyenne des 15 dernières années. Si le total des mois d’assurance et des mois assimilés dépasse 180, le pourcentage est majoré de 2 % pour chaque période de 12 mois au-delà de 180.

Stress émotionnel

L’urbanisation galopante du Bénin, comme la plupart des pays en développement, a entraîné une désorganisation des modes de vie traditionnels et une déstabilisation des valeurs traditionnelles relatives à la prise en charge des personnes âgées ou admises à la retraite. Les résultats de l’étude du CEFORP en 2007 ainsi que diverses autres enquêtes, établissent que les personnes âgées des milieux urbains béninois, notamment de l’agglomération urbaine de Cotonou, sont soumises à l’isolement, aux problèmes de logement, d’alimentation et de nutrition alors qu’elles doivent affronter les problèmes environnementaux, psychosociaux, économiques et sanitaires complexes onéreux de la ville. Pour l’ancien Directeur de l’École Nationale de Statistiques, de Planification et de Démographie (ENSPD), Mouftaou Amadou Sanni, cette solitude entraîne pour les personnes âgées des difficultés pour trouver de l’aide face aux activités qui leur sont pénibles telles que les courses, les déplacements, le ménage, l’alimentation et la nutrition, les soins médicaux, etc. Parfois et même souvent, les personnes âgées sont logées dans un coin de la maison ou de la concession, dans une petite chambre isolée, dont elles ne sortent pour discuter avec les autres membres du ménage que dès qu’on les y invite. Même les enfants du ménage ne vont vers elles que si les parents les repoussent ; ils ne se rapprochent ainsi d’elles que pour se faire consoler ou se faire cajoler. Cet isolement favorise l’ennui et constitue une importante source de stress et de dépression chez les personnes âgées. Toutefois, les femmes se sentent moins isolées que les hommes. Par ailleurs, l’évolution de la société avec la croissance de l’urbanisation a érodé la cohésion et la solidarité familiales. A cet effet, nombreuses sont les personnes âgées frustrées par les comportements irrespectueux de leurs enfants ou des jeunes générations. Aussi, selon Mouftaou Amadou Sanni, les hommes âgés estiment, largement plus que les femmes, que leurs enfants ne sont pas respectueux, non attentifs et désintéressés à leurs problèmes. A preuve, c’est qu’ils sont plus désespérés par leur vieillesse, donc plus susceptibles de déprimer que les femmes âgées. Ceci est susceptible d’affecter leur moral quotidiennement et créer ou accentuer leur état dépressif. C’est pourquoi, une autre façon d’apprécier le moral des personnes âgées enquêtées a consisté à leur demander ce qu’elles regrettent n’avoir pas pu accomplir au cours de leur vie adulte.
La vie après la retraite peut être une période merveilleuse de liberté, de sérénité et de découvertes. C’est l’occasion de se consacrer à ce qui nous passionne, de voyager, de profiter du temps en famille et entre amis. Cependant, la transition vers la retraite peut être un défi, notamment sur le plan émotionnel et financier. La clé réside dans une planification réfléchie et dans la poursuite d’activités significatives. Avec la bonne préparation et une attitude positive, la retraite peut être une période de grand épanouissement et de bonheur.

Préparer sa retraite !

Selon les spécialistes, une retraite heureuse se prépare quand le travailleur est encore en fonction. A en croire le psychologue André Alihonou, il convient de s’assurer d’épargner afin d’investir dans des secteurs clés tels que l’éducation des enfants, l’immobilier, la création d’entreprises et l’achat des actions et des obligations, ceci dans l’optique de s’assurer une retraite paisible. Mais pendant que certains pensent à commencer par épargner à la prise de fonction, d’autres souhaitent attendre 15 à 20 ans avant d’y réfléchir. Pour ces derniers, la famille, la maison et les moyens de déplacement sont aussi une priorité. La retraite après.

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Voici quelques facteurs qui peuvent nuire à la santé mentale à la retraite

Dans certains cas, une mauvaise santé mentale peut transformer quelques mauvaises journées en dépression clinique, ce qu’il ne faut pas prendre à la légère. Même si elle n’a pas toujours de cause particulière, la dépression, ou la mauvaise santé mentale en général, peut découler de plusieurs facteurs lorsque vous êtes à la retraite :
• Problèmes de santé et médicaments : La maladie, l’invalidité et la douleur chronique peuvent être des facteurs. Certains médicaments sur ordonnance qui sont destinés à vous aider physiquement peuvent même vous causer du tort mentalement. Assurez-vous donc de connaître les effets secondaires de vos médicaments.
• Solitude et deuil : Malheureusement, la solitude peut faire partie du vieillissement, soit parce que des amis ou des membres de votre famille vivent loin ou décèdent, ou encore parce que vous avez de la difficulté à vous déplacer pour visiter vos proches.
• Problèmes financiers : Vous assurer que vous avez assez d’argent pour subvenir à vos besoins à la retraite peut être une source importante d’anxiété.
• Absence de raison d’être : Pour bon nombre de personnes, le succès est largement défini par leur carrière. Et même si vous relayez votre carrière au second plan, vous rendre au travail vous procure une routine et sert de mesure pour votre estime de soi. L’absence de travail peut créer un grand vide dans votre vie.

Comment savoir si vous êtes déprimé ?

Il est important de connaître les symptômes de la dépression. De nombreuses personnes croient que se sentir triste fait simplement partie du vieillissement, alors que ce ne devrait pas être le cas. Voici des points à surveiller si vous croyez que vous ou une personne âgée de votre entourage pourriez être déprimé. Par exemple :
• Ne pas se donner la peine de s’habiller ;
• Ne pas répondre au téléphone ou à la porte ;
• Perte d’intérêt pour les activités qui procuraient auparavant du plaisir ;
• Exprimer un sentiment de dévalorisation ou de tristesse ;
• Pleurer, s’agiter ou être en colère, ou démontrer peu d’émotion, et ce, de façon inhabituelle ;
• Dormir mal ou trop longtemps ;
• Manger plus ou moins que d’habitude ;
• Se plaindre de symptômes physiques qui n’ont pas de cause apparente ;
• Manque d’énergie, fatigue constante ;
• Sembler confus ;
• Avoir de la difficulté à se concentrer ;
• Avoir des problèmes de mémoire ;
• Avoir de la difficulté à prendre des décisions ou à tenir ses engagements ;
• Passer plus de temps seul que d’habitude.
• S’ils s’aggravent, même les symptômes physiques d’un problème de santé préexistant comme l’arthrite ou les maux de tête peuvent être un signe de dépression chez une personne retraitée.

Que pouvez-vous faire pour combattre la dépression à la retraite ?

Bien qu’il n’y ait pas de solution magique pour surmonter les problèmes de santé mentale, voici des moyens qui vous aideront à vous sentir un peu mieux, voire beaucoup mieux.
1. Consultez votre médecin : Si vous croyez que vous présentez des signes de dépression, parlez-en à votre médecin. Si vous êtes atteint d’une dépression clinique, il existe des médicaments qui peuvent vous aider, et votre médecin pourrait vous conseiller de parler à un psychologue ou à un psychiatre. Les régimes d’assurance soins médicaux et soins dentaires PourmeprotégerMD vous donnent accès à l’application Akira de Telus Santé sans frais additionnels, ce qui vous permet de communiquer par texto et vidéo avec des professionnels de la santé au sujet de votre santé mentale ou de tout autre problème de santé, dans le confort de votre foyer. Vous pouvez également trouver des services de santé mentale en ligne.
2. Trouvez des moyens de rester en contact avec les gens : Lorsque vous vous sentez déprimé, n’oubliez surtout pas que vous n’êtes pas seul. Il y a des gens qui veulent vous aider et communiquer avec vous, et même des gens que vous pouvez aider. Par exemple, vous pourriez vous joindre à un groupe de soutien. Ou encore, vous pourriez faire du bénévolat pour aider les autres, ce qui augmenterait votre estime de soi. Adhérer à un club peut aussi vous procurer un sentiment d’appartenance. Même un simple repas avec un ami ou un membre de la famille peut faire toute la différence.
3. Sortez de la maison : En solo ou avec quelqu’un de spécial, allez au parc, chez le coiffeur, au cinéma, au théâtre ou encore au musée.

4. Trouvez un passe-temps : Le vieil adage selon lequel « on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace » est tout simplement faux. Il n’est jamais trop tard pour apprendre quelque chose de nouveau. Prenez des leçons de guitare, apprenez à peindre des paysages, découvrez le point croisé ou construisez des modèles réduits d’avions. Peu importe votre choix, trouvez quelque chose qui stimulera votre esprit et qui vous donnera un but précis et un sentiment de satisfaction.
5. Riez : Ce vieil adage parle davantage : « Le rire est le meilleur remède. » Un bon fou rire peut augmenter, puis diminuer votre fréquence cardiaque et votre tension artérielle, ce qui vous laisse détendu. Mettez-vous dans des situations où vous avez de fortes chances d’éclater de rire. Visionnez en rafale vos comédies préférées, faites des blagues avec des amis, revivez des souvenirs drôles, regardez des émissions spéciales d’humour ou recherchez « les livres les plus drôles de tous les temps » sur Google et lisez toute la liste.

6. Tombez amoureux d’un animal de compagnie : Que vous aimiez les chiens, les chats ou encore les geckos ou les perruches, vous occuper d’un être vivant, lui parler ou le cajoler peut grandement améliorer votre humeur. Promener un chien peut même vous donner l’occasion de faire de l’exercice, de prendre l’air et de rencontrer de nouvelles personnes. Dans un récent sondage, 97 % des médecins ont affirmé avoir constaté une amélioration de la santé mentale de leurs patients qui ont adopté un animal de compagnie.
7. Voyagez : L’une des choses que les personnes retraitées aiment le plus faire, c’est voyager. Malheureusement, les voyages sont moins accessibles à l’heure actuelle, mais la situation devrait se rétablir bientôt. Lorsque le moment sera venu, vous évader du quotidien et voir de nouveaux horizons en visitant une nouvelle partie du monde ou en louant un chalet pour le week-end peut vous faire un grand bien. Et lorsque vous voyagerez, pensez à la précieuse protection offerte par l’assurance voyage PourmeprotégerMD.
8. Prenez soin de votre corps : L’alimentation et l’exercice physique sont très importants, non seulement pour votre santé physique, mais aussi pour votre santé mentale. Pour ce qui est de l’exercice, il n’est pas nécessaire d’opter pour un entraînement intensif ; même une courte marche ou jardiner peut vous aider. De plus, grâce au programme Manuvie Vitalité, vous pouvez obtenir des récompenses pour vos entraînements ! Quant à votre alimentation, réduire le sucre et les glucides raffinés en intégrant plus de protéines, de glucides complexes et de bons gras peut vous aider.

9. Dormez plus : À mesure que vous avancez en âge, il peut être difficile d’avoir un sommeil réparateur, alors ce point nécessite quelques efforts. Essayez de dormir de 7 à 9 heures, si possible. Pour augmenter vos chances d’y arriver, adoptez un horaire de sommeil régulier, dormez dans une pièce sombre et tranquille, et évitez l’alcool et la caféine, surtout le soir.



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