Sécurité et assainissement au stade de l’amitié de Cotonou : l’esplanade extérieure renoue avec ses vieilles habitudes

Eustache f. AMOULE 3 février 2015

Quelques années après leur déguerpissement, les commerçants et autres qui occupaient anarchiquement l’esplanade extérieure du stade de l’amitié de Kouhounou sont de retour. Cette situation pose à nouveau les problèmes d’insécurité et de pollution en ces lieux au grand déboire des usagers.

Il y a quelques années, les usagers du stade de l’amitié de Cotonou et environs ne pouvaient circuler sans être inquiétés. Il en est de même pour l’assainissement des lieux. L’insécurité régnait alors en maître sur ces lieux car, des divorcés sociaux y ont trouvé refuge. Mais en 2011, les services techniques de la mairie de Cotonou et les autorités en charge de la gestion du Stade de l’Amitié de Cotonou, appuyés par les forces de l’ordre, ont conjointement mené des opérations de déguerpissement en vue de rendre attrayants les lieux ; ceci à l’occasion de la venue du Pape Benoît XVI dans notre pays en novembre 2011. Nous avion alors, assisté à des déguerpissements et des séances de salubrité. Mais aujourd’hui, comme si, au Bénin, les autorités n’attendent que les grandes occasions pour prendre les grandes mesures, l’esplanade extérieure du stade de l’amitié est reprise d’assaut par des individus qui y mènent toutes sortes d’activités et y font toutes sortes de besoins. On constate donc un retour progressif des vieilles habitudes. Des commerçants abondent chaque jour sur l’esplanade du stade et s’installent où bon leur semble. Du côté ouest de l’esplanade, c’est un nouveau quartier qui se crée avec la présence en nombre important d’expatriés nigériens qui y mènent toutes sortes de commerce (friperie, cigarettes, café,…) et beaucoup d’autres activités (taillerie, réparation d’appareils…). Du côté est, l’occupation des lieux est l’apanage des bonnes dames vendeuses de nourritures, des vendeurs de discs, des distributeurs de produits Gsm et autres personnes à la quête du pain quotidien.

L’insécurité et la pollution environnementale de retour !
L’installation d’un commissariat spécial dans l’enceinte du stade, la mise en place d’équipes de salubrité…, ces nouvelles mesures prises par les responsables du stade de l’amitié de Cotonou sont certes, encourageantes, mais elles ne parviennent pas encore à dissuader les envahisseurs de l’esplanade extérieure du stade. En effet, après environ quatre années d’absence, ces individus dont les comportements sont en contradiction avec les règles de la société reviennent à petits pas sur l’esplanade du stade et ses environs. La sécurité des personnes et des biens est à nouveau menacée. La circulation de produits prohibés reprend son cours. Les commerçants de café et de cigarettes y font allègrement le commerce de comprimés à forte concentration de drogue (tramadol communément appelé “tramol’’, “giga’’, “roche’’…) et bien d’autres produits prohibés. Leurs consommateurs sont des vendeurs de friperie, des conducteurs de taxi-motos et d’autres personnes dont beaucoup de jeunes. Le soir venu, de jeunes filles et jeunes dames prennent d’assaut l’esplanade en vue du commerce du sexe, pendant que d’autres font usage de chanvre indien. Les agressions, vols de motos et d’autres biens reprennent.
Au plan sanitaire, c’est également la désolation. De petites mares artificielles d’urines puantes sont érigées par des individus qui n’hésitent pas à y faire leurs besoins naturels. Les efforts des agents d’entretien et des agents de sécurité sont donc annihilés. Et pourtant, il existe une structure en charge de la gestion des lieux et des forces de l’ordre et de sécurité publique y sont également présentes.
Chabi Koto Kpéra, Directeur général de l’Office de gestion des stades du Bénin, avoue être conscient des défis majeurs auxquels est confrontée sa structure et de sa responsabilité dans cette situation. « Les opérations que nous avions menées en son temps, avaient eu un poids sur la gestion du stade puisque nous sommes une structure autonome. Et quand nous menons des activités ayant une incidence financière, cela constitue des manques à gagner à la structure, il faut pouvoir trouver des voies et moyens pour compenser. Il est vrai que c’est dur, mais nous allons trouver la manière la plus adéquate pour y remédier », a-t-il précisé. En attendant de remédier à cette situation, les populations et le public sportif en particulier continuent de subir le calvaire et demandent diligence de la part des autorités compétentes.

Chabi Koto Kpéra, directeur général de l’Office de gestion des stades du Bénin au sujet de la sécurité du stade de l’amitié de Kouhounou

« Il faudrait qu’on prenne des mesures pour assurer la sécurité aux alentours du stade »
Comment appréciez-vous aujourd’hui le retour des vieilles habitudes et le niveau de sécurité au niveau du stade de l’amitié et ses environs ?

Je vous remercie, surtout pour l’intérêt que vous portez au stade de l’amitié. Il convient de noter quand même que nous venons d’arriver et nous sommes en train de nous rendre compte de ce qui se passe à chaque niveau du stade. Donc, c’est des faits qui nous interpellent et il nous revient de prendre des dispositions pour pallier un tant soit peu les insuffisances qui amènent à ces faits. C’est vrai qu’à notre prise de service, ce n’était aussi patent. Mais progressivement, nous allons assainir l’environnement du stade. L’assainissement du stade passera non seulement par un assainissement sur le plan environnemental, mais aussi au plan sécuritaire. Donc, entre autres mesures prises, nous avons le contrôle à l’entrée du stade à partir de 19 heures. Je vous invite à faire un tour dans l’enceinte du stade à partir de 21 heures déjà pour apprécier combien elle est aérée. Il s’agit donc de renforcer la sécurité à l’entrée. Mais là aussi, il faudrait qu’on prenne des mesures pour assurer cette sécurité aux alentours du stade. Donc, nous prenons acte de ce que vous venez de dire et nous allons nous y atteler.

Voulez-vous dire que vous n’aviez pas encore fait le constat vous-même où que vous n’aviez pas encore eu vent de cela en tant que premier responsable des lieux ?
Il faut être sincère. On est conscient qu’il reste à faire en ce qui concerne la sécurité du stade. C’est vrai que nous étions déjà informés, mais en tant que simple usager du stade de l’amitié. Mais cette fois-ci, nous sommes informé en tant que directeur du stade. Donc, à nous de voir et de prendre des mesures que je ne vais pas dévoiler ici, afin de limiter ces genres de dérives au niveau du stade. C’est tout un processus et je crois que vous aurez le temps de le constater.

L’unité de police installée au niveau du stade de l’amitié ne vous fait-elle pas un point de ses activités lors des opérations de patrouille ?
Il y a certaines difficultés auxquelles on doit trouver des solutions pour permettre à ces policiers de donner un peu plus de résultats pour qu’on ait un stade mieux sécurisé. Entre autres difficultés, il y a le personnel détaché au niveau du stade. Comme je vous l’avais dit, on est dans une démarche et sachez qu’on est dans un environnement où il faut de la méthode, une démarche très participative, une démarche de sensibilisation, où chacun se sentirait responsable et prêt à contribuer à améliorer ce qui n’est pas reluisant. Donc, c’est dans cette option que nous sommes. Nous nous retenons de dire certaines choses, mais beaucoup de choses sont en train d’être faites. Vous attirez mon attention sur l’extrême gauche et l’extrême droite du stade. Vous savez, même en face, ce n’était pas gagné d’avance, mais la propreté y est. D’aucuns diraient que c’était à cause de l’arrivée du Pape au Bénin en 2011. Maintenant, on voit ce qui a bien marché et ce qui ne l’a pas été. Donc, le processus continue. Et il faut que par cette démarche, nous puissions aussi apporter une solution très appréciable sur le plan sécuritaire. Et là, je voudrais le dire sincèrement, beaucoup de choses sont en train d’être faites parce que, quand on aura tout mis ensemble et que la démarche serait épousée par toutes les parties, nous prendrons des mesures que vous aurez le temps d’apprécier à l’instar de ce qui se passe au niveau de l’esplanade intérieure. On ne va pas s’en arrêter là. On va poursuivre, lorsqu’on aura assaini tout ces espaces, vous verrez qu’on aurait apporté en partie de solution au problème de l’insécurité qui règne au stade. Donc, on ne peut pas embrasser tout d’un coup sans mesurer les contours. Nous évoluons donc progressivement.

Un mot pour mettre un terme à cet entretien ?
Permettez-moi de profiter de votre canal pour remercier ceux qui m’ont fait confiance en me nommant directeur de l’office de gestion des stades du Bénin. Je me dois de donner une lettre de noblesse au stade afin que tout sportif se sente fier quand il arrive ici. Parce que le stade, c’est d’abord les sportifs. Cela ne voudrait pas dire que les autres partenaires sont hors de cette gestion. Ils sont privilégiés d’ailleurs quand on parle du stade. Il faudrait une union des énergies pour que tous les usagers se sentent à l’aise. C’est globalement mon ambition pour le stade. Il faut qu’à partir de la démarche participative, nous puissions donner un nouveau visage au stade et que ce lieu soit mieux apprécié par les instances internationales, puisque c’est dans cet esprit que nous travaillons.
Propos recueillis par : Eustache F. AMOULE (Coll)



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