Vers un déclin de la solidarité africaine

15 avril 2024

A la question de savoir si les Africains sont solidaires, beaucoup n’hésiteraient pas à répondre par l’affirmative. D’aucuns ajouteraient même que les Africains sont d’une solidarité "légendaire". Effectivement, la solidarité africaine relève d’une légende puisque ce terme (la légende) renvoie à un mélange antagonique entre le vrai et le faux, le réel et l’irréel ou encore le factuel et l’imaginaire. Mais l’aspect le plus saillant de cette opposition est sans doute le faux. A vrai dire, la solidarité africaine se meurt et ne relève actuellement que du leurre. Et pour s’en convaincre, point n’est besoin de diligenter des études ou enquêtes sociologiques. Tant le constat est flagrant.
D’abord, l’Africain est éminemment égoïste et cet aspect de sa personnalité fait qu’il n’aime pas investir dans les projets caritatifs ou humanitaires. Les quelques rares exemples en la matière sont souvent maculés de filouteries. Généralement, derrière ces initiatives se cachent des intentions inavouables dont le maître mot est l’intérêt. Il n’est plus un secret pour personne que des Organisations Non Gouvernementales (ONG) dites "à but non lucratif ‘’ trafiquent honteusement des produits illicites ou pire encore escroquent ceux qu’elles sont censées aider. Des fondations de premières dames (Cette expression désigne dans le contexte négro-africain la femme du Président de la République) qui prétendent venir en aide au peuple souffrant(malades, démunis ou nécessiteux en tous genres) mais qui dans la réalité des faits œuvrent inlassablement pour asseoir la popularité ou le pouvoir de leurs chers époux, nos Présidents. La preuve est que ces soi-disant fondations disparaissent le plus souvent avec le gouvernement qui les a vu naître. Même si l’on dit que le monde fonctionne sur la base des intérêts, en Afrique noire, l’application de cette maxime est portée à son paroxysme. Sur le continent noir, l’argent des plus nantis, est dans la plupart des cas orienté vers la politique ou les affaires. Si un Africain commence à se soucier du sort des orphelins et des personnes vulnérables ou à offrir des mobiliers de classes à une école, sachez qu’il prépare ainsi son entrée dans l’arène politique. Autrement dit, ces gestes altruistes dissimulent, à n’en point douter, des velléités politiques. Telle est la règle et tout le monde le sait.
Ensuite, à niveau plus bas, on s’aperçoit que les Africains entretiennent une solidarité purement hypocrite entre eux. On pourrait parler d’une solidarité de façade qui cache un individualisme écœurant. C’est un secret de polichinelle qu’en Afrique, l’entraide et l’assistance ont déserté le forum. Une façon de corroborer le dicton populaire selon lequel « chacun pour soi et Dieu pour tous ». La solidarité qui, naguère, était une valeur cardinale en Afrique a malheureusement cédé la place à l’individualisme. Même dans les cas de difficultés existentielles les plus insoutenables, l’Africain affiche une indifférence froide et semble même se réjouir en secret du malheur qui frappe son frère. En témoigne une façon bien étrange de prier qui consiste à remercier Dieu du moment où l’on n ’est pas confronté à la difficulté que vit l’autre. Cette situation d’indifférence notoire des uns envers les autres a pris une telle ampleur que beaucoup préfèrent simplement ne plus parler de leurs problèmes à autrui d’autant plus qu’il est presqu’évident qu’en le faisant, ils n’auront droit qu’à un semblant de compassion verbale.
Si la solidarité africaine ne relève dorénavant que d’un lointain souvenir, cela signifie-t-il que l’empathie et la sollicitude ont disparu de nos mœurs ? Que faire alors pour réintroduire ces valeurs, oh combien importantes, dans nos sociétés ?
Sosthène IDOSSOU (Enseignant de Français)



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