VOIX DE FEMME : Espérencia Gbodogli : “Une éducation non basée sur le genre rend filles et garçons entièrement autonomes”

16 mars 2023

Etudiante en 3ème année de linguistique anglaise à la Faculté des langues, lettres, arts et communication (Fllac) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), Espérancia Gbodogli s’illustre très bien comme maîtresse de cérémonie. Chroniqueuse sur l’émission OC’Talkshow sur Canal 3 Bénin, celle qui s’est aussi mise à l’apprentissage de la couture depuis huit (08) mois, parle ici de la femme béninoise.

Quelle est la place de la femme béninoise dans la société actuelle ?

La femme béninoise a une place prépondérante. L’économie béninoise considérée, elle en est la colonne vertébrale. Quand on parle de place de la femme, les réalités varient d’un domaine à un autre. Elles sont beaucoup plus présentes dans les domaines de l’éducation, de la santé par exemple qu’en politique. Il est vrai que le positionnement de la femme s’améliore mais pas assez vite pour un pays de démocratie comme le nôtre.

Quelle appréciation avez-vous de l’égalité homme-femme ?

La question de la parité n’est pas encore une réalité au Bénin. Il faut oser se dire la vérité. Beaucoup de femmes sont violentées sur plusieurs plans en raison de leur condition de femme. C’est vrai qu’on tente de pratiquer la parité entre homme et femme mais pour l’heure, c’est encore une utopie.

Partagez avec nous une anecdote vécue en raison de votre condition de femme ?

Au primaire, j’ai voulu devenir responsable de classe mais me suis heurtée à l’opposition de mes camarades garçons. Ils soutenaient leur position par des propos du genre : Pourquoi une fille nous dirigerait-elle alors qu’il y a des garçons dans la salle ? Elle n’est pas assez forte pour jouer ce rôle… Néanmoins, je suis parvenue à me faire élire responsable. J’en ai appris cette leçon : il nous faut être motivées, persévérantes, endurantes et déterminées en tant que femmes pour obtenir ce que nous désirons. Ce n’est qu’un exemple de préjugés sur les femmes qu’on voit généralement comme faibles. Elles sont plus exposées aux harcèlements sexuels et autres formes de violences que ce soit dans la rue ou ailleurs, même à l’Uac.

Que diriez-vous à votre futur époux si vous l’aviez devant vous ?

Je lui dirais de m’accompagner dans le sens de donner une éducation basée sur le genre à nos enfants quand nous les aurons. Avec son soutien, ils recevront la même éducation, sans distinction et dès le bas âge. Ainsi tous seront-ils autonomes sur tous les plans. Nos garçons sauront respecter les femmes et nos filles sauront prendre des responsabilités et se protéger. Je le dis car j’ai constaté que l’éducation est fonction du sexe de l’enfant et très souvent, les tâches domestiques incombent d’office à la fille pour la seule raison qu’elle est née fille. Cette différenciation qui commence tôt, cultive un complexe de supériorité chez le garçon vis-à-vis de la fille qui de son côté aussi se sent inférieur au garçon. De part et d’autre, cet état d’esprit est un terreau fertile au machisme, aux abus et aux violences basées sur le genre décriés aujourd’hui.

Propos recueillis par Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)



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