Aqmi revendique l'assassinat d'un otage

La rédaction 21 mars 2013

Paris cherche à savoir si Philippe Verdon, un Français enlevé en novembre 2011 par Aqmi, est décédé au Mali.

Capture d’écran d’une vidéo d’al-Andalus, une agence de presse proche d’Aqmi, datant du 9 décembre 2011, montrant Serge Lazarevic (à gauche) et Philippe Verdon enlevés à Hombori, dans le nord du Mali, le 24 novembre 2011. Crédits photo : -/AFP

Silencieuse depuis deux mois et le début de l’offensive française au Mali, al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) est réapparue. Dans la nuit de lundi, Ghairawani, un homme se présentant comme un porte-parole de l’organisation, a affirmé à l’Agence Nouakchott information (ANI) que l’un des sept otages français avait été exécuté.

Selon ce bref message, transmis par téléphone, Philippe Verdon aurait été assassiné le 10 mars « en réponse à l’intervention de la France ». « Le président français Hollande est responsable de la vie des autres otages français », a menacé ensuite Ghairawani sans poser de revendication ou d’ultimatum.

Mercredi, les autorités françaises tentaient d’authentifier cette déclaration. Pour plusieurs spécialistes, la revendication semble néanmoins « sérieuse ». « C’est un canal qui a déjà été utilisé par Aqmi », note une source proche des services de renseignements. L’ANI, un site Internet mauritanien privé, possède de solides connexions dans le nord du Mali, notamment auprès des communautés arabes de Tombouctou et de Gao. Ses informations sur al-Qaida publiées jusqu’à présent n’ont jamais été démenties. Le père de la victime, Jean-Pierre Verdon, a indiqué ne se faire « aucune illusion » sur le sort de son fils. « Je suis très affecté, très fatigué », a-t-il déclaré à l’AFP.

Un homme en mauvaise santé
Philippe Verdon avait été enlevé le 24 novembre 2011, en compagnie de Serge Lazarevic, dans un hôtel d’Hombori, une ville située au sud du fleuve Niger. La raison de la présence des deux hommes dans cette cité reste mystérieuse. Ils auraient travaillé à l’éventuelle construction d’une cimenterie. L’enquête a permis d’établir que c’est l’une des personnes abordées dans le cadre de ce projet qui a organisé le double rapt. Les deux otages ont ensuite été « vendus » à Aqmi.

Mais, contrairement aux quatre prisonniers capturés sur le site d’Areva à Arlit au Niger, Philippe Verdon et Serge Lazarevic n’étaient pas entre les mains d’Abou Zeid, l’un des principaux chefs d’Aqmi sans doute tué au cours des combats de ces dernières semaines. Ils seraient détenus par Hamada Ag Hama, dit Abdelkrim el-Targui. Ce Touareg malien de la tribu des Iforas est le seul émir de la nébuleuse islamiste à ne pas être algérien. Proche d’Iyad Ag Ghaly, le chef d’Ansar Dine, el-Targui serait resté relativement indépendant des autres seigneurs d’Aqmi. La signature de la revendication confirme cette hypothèse. Ghairawani, est lui aussi un Touareg Iforas, connu pour être un allié d’el-Targui. « Cela renforce aussi beaucoup la crédibilité du message », souligne un responsable malien.

Les spécialistes de la lutte antiterroristes s’étonnent cependant de la brutalité du communiqué. Aqmi, comme tous les mouvements islamistes, prévient souvent de l’imminence d’une exécution. Selon leur doctrine, cette alerte permet au messager d’être pardonné du meurtre à venir. Or aucune menace ne serait parvenue à Paris ces derniers jours. Les militaires français n’excluent donc pas que Philippe Verdon, en mauvaise santé, soit mort faute de soin.

Mohammed Mahmoud Ould Aboul Maali, le directeur de l’ANI et bon connaisseur d’Aqmi, estime que l’annonce de l’exécution est d’ailleurs avant tout « un signal de vie de l’organisation, qui a perdu contact avec le monde extérieur depuis le déclenchement de la guerre ». Les djihadistes entendraient ainsi signaler, qu’en dépit de la déroute subie, ils conservent une force de nuisance, notamment des otages.

Les opérations lancées ces dernières semaines pour repérer et tenter de libérer les prisonniers ont toutes échoué. Le lieu de détentions des captifs français reste un mystère. Alors que les troupes françaises achèvent cette semaine de conquérir d’Adrar des Iforas, le sanctuaire d’Aqmi, aucune trace des prisonniers n’a pu être trouvée. Les militaires admettent ne pas avoir de pistes sérieuses. « Nous avons des suspicions de leur présence dans l’Adrar mais rien d’autre », confirme un officier.

Source : LeFigaro.fr



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