Politique et religieux : Une sanction pour l’exemple

Angelo DOSSOUMOU 8 septembre 2020

Un paradoxe. Mais, c’est bien de savoir qu’entre deux régimes, les consciences s’éveillent et les mauvaises habitudes sont petitement en train d’être rangées au placard. Pour la petite histoire, un pasteur a été suspendu pour une période de deux ans par le Bureau exécutif national de l’Eglise des Assemblées de Dieu. Autres temps, autres mœurs. Au cours des dix ans du régime passé, la règle était plutôt le religieux au service du politique et même de la politique politicienne. S’il est vrai que les responsables religieux sont avant tout des citoyens et qu’à ce titre, ils ont le droit d’avoir une opinion et d’émettre un vote, dès lors que nous sommes dans une République laïque où la liberté et le respect de la différence sont des fondements de notre vivre ensemble, il y a de ces amalgames qu’il est impérieux d’éviter. En plus clair, fût on Prêtre, Pasteur, Imam ou Vodounon, la raison recommande de ne pas transformer les lieux de culte en des tribunes de propagande et de campagne.
En cela, la sanction du pasteur qui a cru devoir publiquement prendre position pour un potentiel candidat et à l’inviter à briguer un second mandat en violation des textes régissant son Eglise est à saluer. Ce qui est à espérer est que les autres confessions religieuses tirent leçon de cette réaction du Bureau exécutif national des Eglises des Assemblées de Dieu à l’encontre du pasteur égaré afin d’éviter que le Bénin ne replonge, comme c’était le cas, il y a de cela quatre ans en arrière, dans la République des ‘‘Born again’’. Car, même si la personnalité et les principes de l’actuel locataire de la Marina ont démontré à plus d’un qu’il ne se laisserait pas facilement entraîner sur le terrain de l’exploitation du religieux pour servir des causes politiques, il n’empêche que le diable est dans les détails.

L’impartialité doit être de mise
D’ailleurs, avant le communiqué de la présidence de la République aux fins d’appeler les initiateurs de pratiques tendant à une campagne avant l’heure à cesser leur sale besogne, il ne se passait plus de jour où le ‘‘Ifa’’ n’était devenu un instrument politique. Si à cela, il faut ajouter des homélies ou des prêches politiquement orientées, autant transformer les chapelles, les mosquées et les couvents en des arrières-bases de partis ou de candidats à des postes de responsabilité. Ce qui, on peut bien s’en rendre compte, est inacceptable. Du moins, partager les mêmes convictions religieuses et les mêmes lieux de culte n’a jamais été synonyme d’épouser les mêmes causes politiques.
Alors, qu’un pasteur ou tout autre responsable religieux en arrive à être à la solde d’un camp politique et enfreindre la liberté des autres, ne saurait durer plus longtemps. Evidemment, il est temps que le religieux comprenne que dans des situations données et dans des endroits précis, son impartialité doit être de mise. Et pour qu’il en soit désormais toujours ainsi, les hiérarchies à la tête des différentes Eglises et confessions religieuses doivent veiller aux grains. Autrement, c’est leur crédibilité et leur capacité à réunir les fidèles et les adeptes autour de Dieu, le créateur et non d’un mortel qui seraient traînées dans la boue. Heureusement qu’à l’Eglise des Assemblées de Dieu, la leçon est bien comprise. Aux autres d’ouvrir l’œil et de leur emboiter le pas.



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